vendredi 30 novembre 2018

Dialogues dans l'humour

          
L'Égalité des sexes

* « Égalité des sexes, égalité des sexes » entend-on crier les nanas dans les manifestations. Et je suis parfaitement d’accord avec elle. Y’a pas de raison pour que des mecs en ai de grandes et d’autres des toutes petites.  L’égalité, c’est une même longueur pour tout le monde. Même pour les Sénégalais !
L’égalité absolue : même longueur, même diamètre. C’est mathématique !

* Regardez ces nanas qui manifestent : je suis sûr qu’elles ont toutes les mecs qui en ont des petites. Alors elles ont raison de clamer : « Égalité des sexes, égalité des sexes ! »

* Maintenant regardez Macron qui doit en avoir une petite qui n’a même jamais donné de fruit mais regardez maintenant François Hollande : une vraie bombe malgré ses p’tites lunettes et ses bajoues.
Pas étonnant que la Ségolène n’ait jamais voulu "cracher le morceau". Vous l’avez tous vu avec son super casque, et bien, c’était pas parce qu’il voulait passer incognito, c’est parce qu’il n’avait pas eu le temps de l’enlever !

* Même longueur, même longueur, c’est facile à dire ; légiférer, c’est bien beau, mais sur quelques critères, chères mesdames ? Je vois d’ici les députés en train de couper les cheveux en quatre (si j’ose dire) et que dire de nos vieux barbons de sénateurs ? Quant à l’Europe, elle n’est pas prête de se mettre d’accord.
De toute façon, les Français s’en foutent, ils vont s’empresser de placer le nouvel "étalon-sexe" à Sèvres, à côté du mètre-étalon ; l’étalon-sexe" étant bien sûr une partie dûment formatée du mètre étalon. !

* Remarquez bien, la question n’est pas récente ou en d’autres termes, le problème est récurrent. Si, si. Prenez les Bourbons, dynastie française s’il en est. Henri IV pestant et suant, sautait sur tout ce qui passait. Pas étonnant qu’on le surnommât "le vert galant". Par contre, on se demanda longtemps si son fils Louis XIII n’était pas quelque peu à voile et à vapeur. Il a mis pas mal de temps à donner un successeur au trône. Contrat finalement rempli avec le ventre bienveillant d’Anne d’Autriche qui paraît-il fauta plus tard avec Mazarin.

Ce fils tant attendu, Louis-Bienvenu le quatorzième, eut une vie amoureuse longue et féconde, ayant battu le record de son aïeul du plus grand nombre de bâtards. Itou pour son successeur Louis XV, plus intéressé par la Pompadour et les galipettes du Parc aux cerfs qu’au désastre de la guerre de sept ans. Quant à son successeur, le débonnaire Louis XVI, il préférait que forcer la serrure de Marie-Antoinette. En tout cas, ce n’est pas elle qui lui a fait perdre la tête !

 

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Histoire de mode

Vous savez que la mode consiste (entre autres) à faire du débriefing, c’est-à-dire en gros à évaluer ce qui vient de se passer dans une réunion, avec un client… plus généralement dans différentes situations de la vie.
Aussi dis-je un jour à ma femme pendant une réunion de famille où on parlait de tout et de rien mai plus particulièrement de relations conjugales :
« Ah aussi, tu ne dis jamais rien, chérie. Comment veux-tu que je sache si ça s’est bien passé ou pas. Par exemple, la phase préliminaire a-t-elle été trop courte ou trop longue, à la hauteur de tes attentes ?

Chérie me fait les gros yeux, ne s’attendant pas à être le point de mire de toute l’assemblée qui riait déjà son cape de ma "saillie". Elle se mit à rosir divinement en faisant une mise de réprobation qui en disait long sur son opposition à toute poursuite du projet tandis que sa sœur la poussait du coude en l’invitant à réagir.
« Ben, c’est vrai ma petite sœur, il faut débriefer maintenant, pendant que c’est chaud (si j’ose dire), ah, ah ! »

Bien aidé par un cousin qui voulait sans doute étaler son savoir :
« Ah oui, c’est important de donner une appréciation de ce qui vient de se passer, de faire une feed-back de ton ressenti. C’est comme un miroir qui pourrait renvoyer nos sentiments. Comme ça, on sait au moins s’il faut rectifier le tir (si j’ose dire), ah, ah.. « 
Même si personne n’avait compris son histoire de feed-back, tout monde se marrait franchement et "Chérie" rosissait de plus en plus. »

Aussi en profitais-je pour reprendre la parole.
« Comment veux-tu que je sache si tu ne me dis rien. Tiens, par exemple, si ta mère me pose des questions, que suis-je censé lui répondre ?
« Ça y est, dit "Chérie", voilà qu’il met ma mère dans le coup ! » tandis que sa mère arborait un petit sourire en coin, se doutant sans doute de la suite.
« Bien, je n’sais pas, moi… si par exemple elle me demande si ça va entre nous au plan intime, tu genre "je ne voudrais pas m’immiscer dans votre intimité, mais…" à moi de remplir les oints de suspension.

« Pourquoi ma mère te poserait-elle ce genre de question ? dit chérie en haussant les épaules. »
« Mais parce qu’elle t’aime mon amour, et qu’elle s’inquiète de ton bonheur, de savoir si tu es une femme comblée. »
À nouveau, Chérie haussa les épaules et prit un air outré, prenant à témoin sa sœur qui attendait la suite avec délectation.

Comment ça se passe entre nous.
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Le jour de la Saint-Valentin

Le matin, je m’avance doucement vers elle et lui pose délicatement (vous me connaissez) un baiser sur le front.
- Oh, chéri, trop haut, tu es beaucoup trop haut !
Je lui dépose alors toujours aussi délicatement un baiser sur le menton.
- Oh, chéri, trop bas, tu es beaucoup trop bas !
Dépité, je lui dis :
- Ah, mais alors c’est trop tard…
Oh non chéri, avec toi ce n’est jamais trop tard.
- Ah bon, dis-je soulagé, attends un peu, ne bouge pas, je vais chercher mes lunettes.
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Douce manie

La manie des femmes de se retourner pour vérifier leur tenue demander à un homme (beaucoup mieux placer ) ce qu’il en pense.

Demander à un homme ce qu’il en pense : dilemme quasi cornélien. (genre qu’en penses-tu chéri ?
À part la fuite, une seule solution : évitez de répondre à la question.
a) elle me va bien

Bien savoir que la question signifie :
a) elle me va bien - b) elle me va bien - c) elle me va bien
à répondez au QCM, toute autre réponse revient à une réponse binaire

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Trop tard ! mars 2019

L’autre jour, je lui dis à brûle pourpoint : « Oh, je t’aime. » Sur le coup de l’émotion, je crus qu’elle me demande confirmation, mais non… Elle s’écria en levant les yeux et les bras au ciel : « Oh, mon dieu… ». « Mais non, mais non, lui dis-je, regarde plutôt en bas, je suis à tes pieds. »
Rapide comme l’éclair, je fis demi tour pour être face à elle et je lui cloquai derechef un gros baisers baveux sur le front.

- Oh, trop haut chéri, beaucoup trop haut !
Je réglai alors le tir pour lui embrasser le menton.
- Oh, trop bas, beaucoup trop bas chéri, me dit-elle avec impatience !
- Attends, attends quelques instants, lui-je, ne bouge pas, je vais chercher mes lunettes. »

Mais comment trouver ses lunettes quand on ne les a pas sur le nez ? Vous rendez-vous compte du dilemme qui me frappa soudain. Dilemme aussi irréductible que celui de l’œuf et de la poule.
Souvenez-vous de cette histoire, celle d’une poule qui avait perdu ses lunettes (les femmes perdent tout, c’est bien connu) et cherchait son œuf en vain. Comment eût-elle pu le trouver sans lunettes ? Et l’œuf qui malheureusement n’est pas carré fit comme dit le dicton, "œuf qui roule n’amasse pas mousse", avait dû rouler dieu sait où.

Aussitôt, elle ameuta le quartier, poussant cris et gloussements à faire pitié : « Quot, quot, quot, où est mon œuf, quot, quot, quot… », courant autour de la table en s’arrachant les plumes.
Le coq arriva enfin et dit à sa femme la poule : « Ne t’inquiète plus, tout est arrangé. « Ah, lui répondit-elle, soulagée, tu l’as enfin retrouvé ! »

Et que croyez-vous que le coq lui rapporta : un petit poussin tout vif et tout jaune. C’était un coq de basse cour mais de haute tenue.

« Oh, monsieur mon mari, dit-elle, ravie, qu’avez-vous fait là » en le glissant dans son poitraille.
- Mais mon devoir madame, je n’ai fait que mon devoir.
- Fort monsieur mon mari, mais pourquoi piaule-il autant ?
- Parce qu’il a faim, madame, il faut sans attendre lui donner la tétée.
- Mais par malheur, dieu ne m’a dotée de seins !
- Et c’est pour cette raison madame, que les coqs n’ont pas de mains !
(ne pas confondre avec le coq au vin)
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Avec Belle maman

 Belle maman :
- Oh, avec vous, elle est bien montée ma fille…
- Oh, belle maman, je vois qu’elle vous a fait ses confidences.

Me retournant vers "chérie", ma chère et tendre.
- Oh chérie, tu ne m’en dis pas tant ! Lui aurais-je fait d‘autres confidences ? Tu peux tout me dire, on est en famille, entre nous… ajoutais-je sans rire alors que ses deux sœurs riaient à gorge déployée. Façon de dire puisqu’il n’y avait pas grand-chose à déployer.

Chérie, toute rougissante.
- Tu as vraiment l’esprit mal tourné. Tu n’es qu’un gros cochon.
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Petits villages et charmants hameaux

Figurez-vous que la mode est au changement du nom des communes qui fusionnent. Mais moi, je ne connais que le nom de mon village. Quand je dis à quelqu’un « venez me voir à Treffort », il ne trouvera jamais un nom qui n’existe plus ! Maintenant que Treffort n’existe plus, comment s’y rendre ?

Avec le gps qui ne connaît pas forcément le nom des hameaux.

-Oh, gps, tu ne connais pas Treffort ?
- Faites demi-tour au prochain carrefour.
- Mais je suis presque arrivé §
- Faites demi-tour vous dis-je, persiste la voix suave
...

Si tous les chemins mènent à Rome, plus aucun ne mène à Treffort !
Les pancartes sont muettes, le gps est en berne.
Mais nous, nous serons comme les gaulois face aux romains : les derniers à résister s’il le faut. Ils n’auront ni Roissiat, ni Chevignat, ni Courmangoux, ni la Teppe, ni La Courbatière, ni aucun des autres hameaux qui n’ont rien de virtuels !
Ah mais !
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dimanche 25 novembre 2018

Quatrains de Noël 2018

Trois quatrains pour Noël

  

La terre qui crisse sous la couche de gel
Et scintille de tous ses feux, c’est ça Noël, 
Ce bonhomme de neige qui descend du ciel,
Ce feu qui rougeoie dans l’âtre, c’est beau Noël.

C’est le temps des cadeaux qui mettent l’ambiance,
Des parents conquis qui retombent en enfance,
Dehors, les flocons qui volètent dans le ciel
Habillant de blanc le miracle de Noël.
 

Cette étincelle dans le regard des enfants,
Cette tendre ingénuité qui nous émeut tant,
Illustrent sans conteste que la vie est belle
Et qu’elle nous laisse comme un goût de miel.




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vendredi 23 novembre 2018

Histoires de femmes 2

 

Chez l'épicière

Comme souvent, nous faisions quelques courses avec Anaïs dans la supérette du quartier. Arrivés à la caisse, madame Poissonnard la patronne s'extasie : « oh mais je ne savais pas qu’Anaïs était enceinte ! Ah, félicitations, au futur papa, je pense. »
Là, elle ne se mouillait pas trop, me voyant souvent dans le magasin en compagnie d’Anaïs. Mais on ne sait jamais, n’est-ce pas ?

Je lui répondis un rien ironique : « Vous savez; à vrai dire, je ne sais pas trop comment ça s’est produit, un faux mouvement sans doute. Je suis assez maladroit. »
Un blanc suivit ma répartie. Plutôt amusée, la patronne ne savait que dire tandis que les autres clients derrière nous piquaient un bon fou rire. Quant à Anaïs, comme elle se tenait derrière moi, je ne voyais pas la tête qu’elle faisait… mais je me doutais bien de sa réaction. Elle qui n’aimait pas se mettre en avant, avec moi, elle était servie.

- Quand même, me dit-elle, une fois revenue à la maison, tu exagères, tu as plutôt mis madame Poissonnard mal à l’aise, même si elle a paru en sourire.

Un peu plus tard, quelque temps après l’accouchement, nous revoilà dans le magasin, madame Poissonnard m’apostrophe aussitôt : « Ah, Monsieur le maladroit est de retour… et on voit le résultat ! » se penchant derechef sur le berceau avec le sourire angevin de qui vient de découvrir une des sept merveilles du monde.

- Que voulez-vous chère madame, quand on casse un vase on peut le recoller mais moi, je n’avais pas de colle pour réparer les dégâts, et Anaïs n’aurait pas voulu d’ailleurs… Ah, c’est bien mon cauchemar cette maladresse congénitale qui me poursuit ainsi… Anaïs me le disait encore ce matin, "Mais qu’est-ce que tu peux faire comme faux mouvements !" »

Nouvelle rigolade des quelques personnes présentes dans la boutique.

       

Anaïs avait beau me pousser du coude, je tenais à pousser mon avantage.
- Ah, la la, n’en croyez rien, s’exclama-t-elle, ne l’écoutez pas celui-là, il dit n’importe quoi ! Quel culot ! Il ne fut pas le prendre au sérieux.
- Pas du tout, je ne fais que devancer tes désirs, dis-je en me retournant vers Anaïs. N’est-ce pas le désir secret des dames ?
C’était parti sur cette question éminemment philosophique. Et là, je suis très doué pour relancer la discussion.

- On connaît les hommes, dit madame Poissonnard à Anaïs, d’un air entendu.
- Oh, oh, tous les hommes, vraiment, vous connaissez tous les hommes… Dites-moi donc, non que je sois d'une curiosité maladive, loin de là, mais entre nous bien sûr, vous en avez connus tant que ça ? Ah, ah, vous rougissez, oui, oui, comme dit le proverbe, "une hirondelle ne fait pas le printemps" et sans vous offenser chère madame,  quelques individus, même triés sur le volet, ne font pas une statistique.

- Ne l’écoutez pas, dit Anaïs, impatiente de rentrer à la maison et gênée par ma question, avec lui vous n’aurez jamais le dernier mot, il trouvera toujours le moyen de vous  entourlouper avec son bagou.
- Ah, répondit madame Poissonnard bien décidée à profiter de la complicité d'Anaïs, c'est à son ramage que vous avez succombé.

- Ciel, je suis dévoilé, percé à jour, m’exclamais-je en me prenant la tête entre les mains. En réalité, murmurais-je à madame Poissonnard, Anaïs est très timide mais je puis vous confier qu’elle est très joueuse….

- Allez, laisse donc travailler madame Poissonnard, avec tes bêtises elle délaisse ses autres clientes.
Et elle me tira vigoureusement par la manche.

          

Tous les mêmes !

La dame un peu collet montée sans doute ne goûtait guère les blagues un peu lestes d’un jeune homme qui en rajoutait un peu, faisant des hommes des Don Juan.

- Oh vous savez, tous les hommes sont des cochons !
- Tous… dites-vous,! Répliqua-t-il pour la relancer et mieux la prendre au piège.
- Je vous le confirmer, les hommes sont tous les mêmes !
- C’est votre conclusion sans appel et donc vous les avez tous testés. Ah, toutes les félicitations. Quelle santé vous avez. Vous cachez bien votre jeu… Quelle famille !
Et sans lui donner le temps de répondre…
 - Comme ça, vous êtes allée même jusqu’en Alaska et vous avez dragué dans toute l’Afrique ! Justement à ce propos, j’ai une question qui me brûle les lèvres : qu’en est-il des Sénégalais, sont –ils aussi bien équipés qu’on le dit ?
La dame se contentait de hausser les épaules et de snober le fâcheux. Mais lui n’en continuait pas moins à pousser son avantage.
- Ben voilà, on n’en saura pas plus, on sera encore frustrés. En tout cas, vous cachez bien votre jeu, jamais, à tout jamais je me serais douté… Ah, jeu des apparences, quand tu nous tiens !

Et il laissa le silence s’installer pour bien marquer son avantage et la mettre encore un peu plus mal à l’aise. Devant le regard amusé des autres, avec un sourire 
- Ah, finit-elle par répondre, vous prenez tout au pied de la lettre… ou vous êtes d’une mauvaise foi affligeante…
Hum… J’aime les compliments… surtout venant de vous. Je voudrais à mon tour vous présenter tous mes compliments pour votre performance. Quelle santé chère madame !

Et c’est là qu’elle décida d’attaquer.
- Vous savez, les hommes c’est comme une lessive, ils sont tous mus par les mêmes principes actifs. Une fois que vous avez trouvé celui qui lave plus blanc, tous ceux que vous pourrez essayer ensuite ne seront que de pâles doublures.
Et les sourires amusés changèrent de camp.

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Je suis une femme !

(Elle) - Je te l’avais bien dit que ça devait arriver, de te méfier de ce type. Depuis le début, j’avais l’intuition qu’il n’était pas fiable, que tu ne devais pas lui faire confiance.
(Lui) - L’intuition, l’intuition… Tu en as de bonnes. Et d’abord, d’où diable tiens-tu cette fameuse intuition ?
(Elle, l’air mutin , le toisant) - Je suis une femme…
(Lui, soudain  sarcastique, la regardant drôlement) – Je m’en doutais…
(Elle, surprise, désarçonnée) – Comment ça, tu t’en doutais !
(Il lui tourne autour) – Tes atours sont tes atouts ma chère… et selon toutes les apparences, tu es une femme et même une très belle femme si je peux me permettre…
- Comment ça, "selon toutes les apparences" !
Ah, effectivement, les apparences sont parfois trompeuses, on voit passer une  femme superbe (qu’on contemple en esthète bien sûr), mais ce n’est peut-être qu’un travelo en chasse… À qui se fier… Oh, terribles apparences…
(Elle, lui tournant autour, l’air aguicheur) - Et moi, quand tu me regardes…
(Lui, la regardant, l’air dubitatif) – Ah, tu es bien une femme… oui (elle lui sourit, ravie), oui mais à 99% sans doute, ce qui est un score fort honorable.
- Voilà qu’il me note à présent ce goujat, qu’il me tourne autour comme si j’étais un animal de foire (en aparté : Ah, quelle humiliation)
(Lui, l’air dégagé) - Je ne voudrais pas jouer les mufles ni passer pour un rabat-joie, mais comme disait Alfred de Musset « il ne faut jurer de rien ».
- Oh, je ne resterai pas plus longtemps pour écouter des insanités, des horreurs sur mon compte !
(Il la regarde longuement) - Pourquoi te maquilles-tu, un peu de rouge par ci, un peu de noir pas là… et le coiffeur, et une robe neuve… la panoplie des sept péchés capiteux. Hein, pourquoi à ton avis ?
(Elle, outrée) - Quelle question ! Mais pour être belle tout simplement.

- Bien sûr, comment n’y ai-je pas pensé ! Pas du tout et tu sais fort bien pourquoi. C’est uniquement pour sauver les apparences, c’est uniquement pour ça que tu perds au moins trois quart d’heure chaque matin à te pomponner.
- Oh, trois quart d’heure, tu exagères ; les hommes exagères toujours… à peine une petite demi heure, et encore…
- Bon, passons sur les attentes interminables devant une salle de bain squattée sans vergogne…
- Qu’en sais-tu donc ?
- Justement, justement, le maquillage n’est finalement qu’un indice… mais revenons à mon propos selon lequel il ne faut jamais se fier aux apparences ? Ma chère, connais-tu la blague de Caro, la fille au tableau ?
Absolument pas. Quelle manie ont les hommes de raconter des blagues qui sont d’ailleurs pour la plupart sans intérêt et ne font rire qu’eux.
- C’est toujours ça de pris comme on dit. Mais celle-ci est une belle métaphore de mon propos… (face à une moue dubitative) Si, si, je t’assure…
- Va pour la blague !
- Un jour à l’école, l’instit doit aller voir le directeur et désigne Caro pour surveiller la classe pendant son absence. Elle s’installe derrière le bureau de l’instit et, évidemment, les garçons au fond de la classe tentent de la chahuter. En chœur, ils reprennent l’antienne bien connue : « Elle a pas d’culotte, elle a pas d’culotte… » et la fille culottée (si l’on peut dire) ne se dégonfle pas : toute fière, elle  soulève sa robe et exhibe une magnifique culotte toute en dentelles. Tous applaudissent  sauf Toto, un petit malin près du radiateur (comme il se doit) qui s’écrie : « Elle a pas de poils, elle a pas de poils… » La pauvre Caro ne sait que faire face à l’affront délibéré de Toto. Et alors, et alors, [comme dit la chanson] que se passa-t-il ? Et bien, « L’instit est arrivé, sans s’presser…» 
(haussant les épaules) - C’est malin comme chute mais je ne comprends toujours pas où tu veux en venir avec ta métaphore douteuse…

- C’est pourtant simple : Toto avait tout compris, il utilisait la méthode expérimentale qui veut qu’on vérifie toujours une proposition, aussi intuitive fut elle.  (Lui, doctrinal, un doigt levé) - La rigueur scientifique veut qu’il faille se méfier des déductions hâtives et des apparences (souvent trompeuses) et toujours pousser les investigations jusqu’au bout. Une véritable enquête policière.
(Elle, faussement désarçonnée) - Ah, elle a bon dos la rigueur scientifique… Ce nommé Toto ne te ressemblerait-il pas quelque peu ?
(Lui, faussement courroucé) - Remettrais-tu en cause Claude Bernard et sa méthode expérimentale, les fondements de l’esprit scientifique ?
- Ce que je remets en cause, ce serait plutôt ton esprit tordu qui fait flèche de tout bois et n’hésite pas à recourir à des arguties honteuses, à te cacher derrière une rigueur que tu prônes quand ça t’arrange.
- Dis que je suis de mauvaise foi. Prête-moi tes sentiments pendant que tu y es ! Il me semble qu’en matière de mauvaise foi, tu es une spécialiste.
- Je ne sais où j’ai lu que « l’on appelle mauvaise foi les convictions d’autrui qu’on ne partage pas. » Éclairant, n’est-ce pas ?
- Puisque nous en sommes aux échanges d’amabilités, moi je sais où j’ai lu que la mauvaise foi est « un mensonge à soi » a écrit Jean-Paul Sartre,  mais même si tu te mens, tu me mens aussi par la même occasion.
- Ne te cache pas derrière Sartre ou d’autres du même acabit… d’ailleurs Sartre n’est qu’un affreux macho qui a trompé sans vergogne sa Simone sous de fallacieux prétextes de liberté sexuelle et autre fariboles.  Ouais, un sale macho, empereur de la mauvaise foi.
- Eh ben, Sartre ne te rend pas spécialement philosophe !

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mercredi 14 novembre 2018

Le coup de pompe

Sans doute est-ce le plaisir d’essence...
Qui ne semble guère avoir de sens...
Pompez, pompez comme les shadoks,
Car du pétrole vous subirez le choc.


   
Ils pompaient, ils pompaient... 

Dans ce monde de brut

de moins en moins raffiné,
nous passons Leclerc de notre temps
à lancer des Esso Esse sur des routes
Pour au Total, quel Mobil ?
Va falloir bientôt atteler un jerrican
Sans tarder derrière sa bécane.

 
 On se plaint d’être toujours à sec,
  quand le moteur économique,
 en ces temps peu ordinaires,
  Se trouve au bord de l’explosion,
 dans un avenir qui semble citerne.
 Il conviendrait de rester sur sa réserve,
 voire, jauger de l’indécence de ces bouchons
 qu’ils poussent un peu trop loin.

 Il y a des coups de pompes
 ou des coûts de pompes
 qui trop souvent se perdent
 et nous mettent dans la merde.

 La vérité sortirait-t-elle d'un puits de pétrole,
Pas toujours raffinée pour faire la folle.

 
 Peut-on choisir entre l’éthanol et l’État nul,
 Y'a de quoi en tomber sur le cul :

 Voilà qui est vraiment super inquiétant!
 C'est en dégainant le pistolet de la pompe
 Qu'on prend un monumental coup de fusil : 
 Essence
ou diesel, c'est kif-kif.

 
Je vous sens bien songeur sur cet axe-là,
Bien chagrinés de toutes ces taxes-là...
Après le plein, si vous passez au péage

Sûr que vous allez avoir la rage !
De toute façon, c'est Shell que j'aime !
Alors, bonne route quand même...



<< Ch. Broussas - Langage - 13 novembre 2018 © cjb © • >>

mardi 13 novembre 2018

Poèmes ironiques

 Le coup de pompe

Sans doute est-ce le plaisir d’essence...
Qui ne semble guère avoir de sens...
Pompez, pompez comme les shadoks,
Car du pétrole vous subirez le choc.

 
Ils pompaient, ils pompaient...

Dans ce monde de brut
de moins en moins raffiné,
nous passons Leclerc de notre temps
à lancer des Esso Esse sur des routes
Pour au Total, quel Mobil ?
Va falloir bientôt atteler un jerrican
Sans tarder derrière sa bécane.

 On se plaint d’être toujours à sec,
 Guand le moteur économique,
 en ces temps peu ordinaires,
 Se trouve au bord de l’explosion,
 dans un avenir qui semble citerne.
 Il conviendrait de rester sur sa réserve,
 voire, jauger de l’indécence de ces bouchons
 qu’ils poussent un peu trop loin.

 Il y a des coups de pompes
 ou des coûts de pompes
 qui trop souvent se perdent
 et nous mettent dans la merde.

 La vérité sortirait-t-elle d'un puits de pétrole,
Pas toujours raffinée pour faire la folle.

 
 Peut-on choisir entre l’éthanol et l’État nul,
 Y'a de quoi en tomber sur le cul :

 Voilà qui est vraiment super inquiétant!
 C'est en dégainant le pistolet de la pompe
 Qu'on prend un monumental coup de fusil :
 Essence ou diesel, c'est kif-kif.

Je vous sens bien songeur sur cet axe-là,
Bien chagrinés de toutes ces taxes-là...
Après le plein, si vous passez au péage

Sûr que vous allez avoir la rage !
De toute façon, c'est Shell que j'aime !
Alors, bonne route quand même...

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Un paon au palais... Moralité !

Un jeune paon, imbu de son plumage
Fut pris dès son plus jeune âge
En mains par une vieille pintade
Qui laissa son vieux coq en rade.

Lors, notre jeune volatile
Qui se trouvait fort volubile
Ne fut plus satisfait de son habitat
Et se rêva en costume d’apparat.

Pourquoi, se disait-il, se contenter
D’un simple poulailler, fut-il doré,
Alors que, sans travailler,
Je puis demeurer au palais.

Il me suffit, si mes calculs sont bons,
De prendre mes congénères pour des pigeons
Et, pour les prochaines élections,
De bien jouer les trublions.

Ainsi fut fait, et contre toute attente,
Il prît la place laissée vacante
Par tous les vieux coqs déplumés
Dont tout le monde s’était lassé.

Pour constituer sa basse-cour
Il fit appel à des vautours
Aptes à tondre la laine,
A amasser toutes les graines.

Ses anciens congénères
Qu’Il jugeait fort vulgaires
Virent enfin, mais un peu tard,
Qu’on les prenait pour des bâtards.

Fort de son plébiscite aux élections,
Notre dieu-paon, tel Pygmalion,
Favorisa un jeune sardouk (1)
Dont il se servait comme bouc.

Grisé par ses nouvelles prérogatives,
Celui-ci, de manière fort hâtive,
Se crut par son maître autorisé
De jeunes oisons brutaliser.

Las, malgré la volonté manifeste
De celer ces faits funestes,
L’histoire vînt à transpirer

Hors de murs du Palais.

Devant ce gros scandale,
Notre apprenti Sardanapale
Dut rétropédaler
A son grand regret.

Il envoya ses janissaires
Désigner un bouc émissaire
Mais la sauce ne prît pas
Et l’oisillon resta sans voix.

Moralité :
Même les rois de l’enfumage,
De ceux qui se voulaient rois mages,
Tombent un jour de leur piédestal
Et devront quitter leur habit royal.

Notes et références
(1): Sardouk : coq en tunisie

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dimanche 11 novembre 2018

Un tableau de Monet

  Claude Monet

« Ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselant de métal fondu… me montèrent au cerveau comme l’éloquence de l’opium. »
Baudelaire, "Curiosités esthétiques"  

Ici, on découvre "Les Toits du vieux Rouen
Où l’hiver venu, courent les vents dominants,
La cathédrale aux immenses flèches immuables   
Se dresse dans le ciel, émergeant des immeubles,
Là s’étendent les maisons de la ville ancienne 
Aux pièces sombres derrière leurs persiennes. 

La cathédrale, dans un ciel encore bleu,   
Se pare le soir de longues traînées de feu,
Reflétant dans ce miroitement éclatant
Les doux effets irisés du soleil couchant 
Embrasant tout un côté de la vaste place,
Envahissant de ses ombres tous les espaces. 

Le monumental portail qui conduit au chœur
Se détache entre décors d’acanthe et de fleurs
Dans toute l’épaisseur de sa masse sculptée,
Aux lourdes moulures finement ouvragées, 
Ses arcatures, légères comme la plume
Se perdant peu à peu dans des vapeurs de brume.

Les flans de l’édifice transparaissent à peine
En autant de lambeaux de clair-obscur qui traînent,
Saupoudrant les jardins d’Albane de lumière 
Transparente qui se projette dans la pierre   
Renvoyant à son tour des milliers d’éclats,
Autant d’étincelles mêlant  jaunes et grenats.

L’artiste comme d’habitude procède
Par petits coups de brosse qui se succèdent,
Le geste précis mais nerveux et rageur,
Vite, vite, encore un peu de bleu, encore,
De ces bleus violacés qui diluent les formes,
Refusant le commun, rejetant les normes,
Concentré, vite sans attendre demain :
Rien ne peut le détourner de son dessein.

Soudain, tout devient évident pour l’artiste,
Son regard est aux aguets et son front se plisse :
La main doit suivre chaque mouvement de l’œil,
Il faut qu’au passage, d’un geste sûr, il cueille
Cette impression qui fait toute la différence
Et qu’ainsi il traduise sans impatience
Ce qui prendra tout son sens dans la profondeur
Des différents plans et des couches de couleurs.

               
Claude Monet : "Instantanés" de la cathédrale de Rouen

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mardi 6 novembre 2018

Je ne sais...

 Un simple éclat...

J E    N E    S A I S

Ai-je été séduit par la douceur de sa chair
Ou peut-être par l'éclat moiré de ses yeux clairs ?
Je ne sais...

Autre éclat, celui de son rire un peu fou
Pour un baiser sur la joue ou bien dans le cou.
Ce fut sans doute l'un de ces instants magiques
Hors du temps qui s'enfuit, hors de toute logique,
Je ne sais...

Sans bien y penser, comme par inadvertance,
Comme un cadeau, un prolongement de l'enfance,
Bien au-delà d'un simple acte de foi,
Une histoire d'atomes en somme, et c'est pourquoi
Je ne sais...

Il doit suffire de peu, un regard croisé,
Une impression, une émotion partagée,
Et l'éclat reparaît, à nouveau brille,
Scintille tout au fond de la pupille,
Je ne sais...
L'amour n'est-il pas un don de soi
Qui sans fard offre sa liberté,
Qui accepte sans négocier
Le joug implacable de sa loi ?
Je ne sais...
 
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<<< Christian Broussas, Carnon-Mauguio, Septembre 2013 © • cjb • © >>>

RENCONTRES...

R E N C O N T R E S …

Douces rencontres des petits matins
Aux sourires rêveurs un peu lointains
Quand bien des gestes simples reviennent
Sans effort et lentement nous entraînent 

Vers d’autres rencontres, ici ou là,
De la chambre au salon, et voilà,
La joie des tâches accomplies à deux,
De ces petits riens qui rendent heureux,
Même gestes reproduits tant de fois
Qui sont aussi naturels que ces doigts
Qui se cherchent, se croisent et se décroisent
Tendrement au rythme de nos émois. 

Reste le bonheur serein d’être ensemble,
D’aller main dans la main, de marcher l’amble,
De pouvoir vivre la complicité
Qui en constitue toute la liberté. 

Nulle raison patente à ce mystère
Aussi indicible que la vie sur terre,
Sinon qu’il suffit de trouver le juste ton
Et de laisser les cœurs battre à l’unisson.
 
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