Il en est ainsi de ces visages
Qui peu à peu deviennent sans âge
Sans qu’on puisse y prendre vraiment garde,
Ça se produit comme par mégarde
Nul ne peut savoir vraiment pourquoi,
Ici ne s’applique nulle loi,
Un temps qui se déchire soudain
Et n'ouvre sur aucun lendemain.
Il est parfois de ces paysages
Un peu trop lisses, un peu trop sages,
De cette beauté, comme de tout,
Devenue décor passe-partout
Et qui n’est plus qu’une pale image
Depuis que l'on a tourné la page,
D’un cœur qui ne bat plus la chamade,
D’un corps devenu un peu trop fade,
dont peu à peu on a fait le tour,
Dont on a épuisé les atours,
D’un être aimé mais trop prévisible
Auquel on n’est plus guère sensible,
De ces plaisirs précaires, hélas
Que l’on néglige et dont on se lasse.
Est-ce du monde qui nous entoure
Du créateur un de ses bons tours ?
Sans doute il en est fort capable
N’étant pas forcément toujours fiable,
Ou est-ce comme ça sans raison,
Quand tout s’effrite au fil des saisons ?
Il en est ainsi de cette vie
Si riche de toutes ses beautés
Et de tout ce qui nous semble acquis,
Cette beauté et tout son côté
Si fragile et éphémère aussi,
Rose destinée à se faner,
Elle qui incarne le paraître
Et, tôt ou tard, devra disparaître.
C’était un jour fait pour la beauté,
Une superbe journée d’été
Le corps étendu face à la mer
Ou même pendant un soir d’hiver
Bien pelotonné près d’un bon feu,
Quand vivre n’est plus un enjeu,
Le feu d’un automne mordoré,
D’un printemps aux reflets irisés.
La beauté est comme une présence
Et pour peu que le climat s’y prête,
On peut la vivre comme une fête,
Quand elle devient une évidence.
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<< Christian Broussas • La beauté • © CJB ° 05/01/ 2020 >>
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