vendredi 8 janvier 2021

Poésie et consolation

  

La nuit n’est jamais complète. Paul Eluard

La nuit n’est jamais complète.

Il y a toujours, puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée.

Il y a toujours un rêve qui veille,
Désir à combler, Faim à satisfaire,
Un cœur généreux,
Une main tendue, une main ouverte,
Des yeux attentifs,
Une vie, la vie à se partager.

L’Arbre et la graine – Benoît Marchon

 Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent.
Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe.
Mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque.
Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres paysages ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un silence qui hurle.
Mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ?

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 Guillaume Apollinaire « L’adieu »

J’ai cueilli ce brin de bruyère.
L’automne est morte, souviens-t’en.
Nous ne verrons plus sur terre
Odeur du temps, brin de bruyère,
Et souviens-toi que je t’attends.

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Alphonse de Lamartine - "Pensées des morts" (extrait)
Tiré du recueil Les Harmonies poétiques et religieuses

C'est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir,
Tendres fruits qu'à la lumière
Dieu n'a pas laissé mûrir!
Quoique jeune sur la terre

Je suis déjà solitaire

Parmi ceux de ma saison,

Et quand je dis en moi-même :

"Où sont ceux que ton coeur aime ?"
Je regarde le gazon.
 C'est un ami de l'enfance
Qu'aux jours sombres du malheur
Nous prêta la Providence
Pour appuyer notre coeur ;
Il n'est plus : notre âme est veuve
Il nous suit dans notre épreuve
Et nous dit avec pitié :
"Ami si ton âme est pleine,
De ta joie ou de ta peine
Qui portera la moitié ?"
 
C'est une jeune fiancée
Qui, le front ceint du bandeau,
N'emporta qu'une pensée
De sa jeunesse au tombeau ;
Triste, hélas ! dans le ciel même,
Pour revoir celui qu'elle aime
Elle revient sur ses pas,
Et lui dit : "Ma tombe est verte !
Sur cette terre déserte
Qu'attends-tu ? Je n'y suis pas !"
 
C'est l'ombre pâle d'un père
Qui mourut en nous nommant ;
C'est une soeur, c'est un frère
Qui nous devance un moment,
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour où l'autre ravie,
Emporte une part de nous,
Semblent dire sous la pierre :
"Vous qui voyez la lumière,
De nous vous souvenez vous ?"

***  Voir aussi : La mort n'est rien  ***

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<< Christian Broussas • Consolation © CJB  ° 02/01/ 2021  >>
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