Des lutins de toutes les couleurs
Mon frère Nicolas, c’est le roi de l’informatique. Ah, Vous ne me croyez pas, n’est-ce pas. Vous avez tord… Je vais vous faire voir, dit Marie-Noël, prenant le docte ton de sa maîtresse quand elle se lance dans une démonstration.
Et elle cliqua sur l’icône pour charger le générateur d’images.
Immédiatement, l'écran s'étoila de petits bonhommes qui jaillissaient comme des diables sortant de leur boîte. Marie-Noël était fascinée par toutes ces figurines qui couraient, qui parcouraient le large écran en tous sens, s’effaçaient soudain en arrivant sur le bord de l’écran. Évanouies, comme si elles avaient fait le tour par derrière et surgissaient soudain de l'autre côté. Mais non –Marie-Noël avait vérifié plusieurs fois- personne ne se cachait derrière l’écran.
Sitôt son frère Nicolas parti de la maison –elle l’épiait avec impatience, trouvant qu’il mettait toujours trop de temps à se préparer, « il est pire qu’une fille »,
trépignait-elle, un œil dans le couloir à guetter son départ, elle se
précipitait dans sa chambre. Une pièce encombrée de matériels dont elle
n’aurait su dire l’usage. Des fils et des branchements un peu partout,
reliant des boîtiers, des hubs aux ampoules rouges et vertes qui
clignotaient, des câbles courant d’un appareil à l’autre…
Bien sûr, il savait mais laissait faire… c’était un garçon, il ne
pouvait rien lui refuser. Et là, c’était génial. Les figurines se
déplaçaient sans cesse, dans un mouvement perpétuel, se cognant contre
les parois de l’écran en émettant un bruit de pétard pour mieux
disparaître. Elles laissaient derrière elles de petites traînées
fuligineuses qui se dissipaient rapidement.
Avec la souris ou la manette, elle prenait un malin plaisir à provoquer
des collisions entre les figurines qui explosaient alors en crashs
multicolores et retombaient en crépitant.
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