L'univers
carcéral de Sacha
« La
prison est (entre autres) une grande école de maîtrise de soi. » Vaclav Havel
S’il
est vrai qu’on avait tous goûté à un moment ou à un autre au charme inimitable
des prisons françaises, jamais on n’avait connu l’extrême rigueur des geôles
communistes ou fascistes, ses brimades et son espèce de sadisme administratif
fait d’une multitude de petites avanies, de petites tracasseries qui à la
longue use les nerfs et peut se tourner en dépression. A côté de ce qu’avait
vécu Sacha, nos petites expériences tenaient du folklore.
La solitude ou la promiscuité du cachot, nous au moins on savait pourquoi. Lui,
pas vraiment.
Il
avait été paraît-il arrêté pour "menées
anti-sociales", formule facile qui ne voulait rien dire ou à qui on
pouvait faire dire ce qu’on voulait. Cocher une case au hasard, à tous les coups on perd. En fait on
lui reprochait surtout de prêcher la "mauvaise
parole" et de distribuer des tracts déplaisant au pouvoir.
Après
la Libération, Sacha
recueilli par un oncle paternel, était parti retrouver ses racines en Pologne
d’abord, une Pologne nouvelle formule, reconfigurée au gré des
vainqueurs de la guerre, la région occidentale vidée de sa minorité germanique
et repeuplée de Polonais venus
pour l’essentiel de Biélorussie, puis en Ukraine chez un autre de
ses oncles, dans une contrée encore marquée par la guerre. Émigré, étranger, il s’est ensuite voulu
résolument citoyen du monde.
Dans
cet univers qu’il découvrit avec appréhension, il comprit vite qu’il ne
prendrait jamais racine dans ces terres communistes aux confins de l’Europe
et très rapidement, le jeune étudiant décidément trop turbulent pour les
tenants du réalisme collectiviste, connut la triste réalité des geôles du
régime. Rusticité et promiscuité. A six dans une cellule de quinze mètres
carrés envahie par les odeurs de latrines, pas question de s’isoler : on
se supporte, on "fait avec",
essayant tant bien que mal de désamorcer les conflits avant qu’ils ne
s’enveniment et que les gardiens n’interviennent à coups de matraque.
Les compétences des geôliers : matraquer, hurler et punir. Les compétences
de l’administration pénitentiaire : apparemment aucune mais pouvoir
répressif total.
Cette
époque de sa vie, les trois années passées dans une forteresse transformée en
prison modèle –modèle de rééducation politique à la manière forte- lui avaient
donné parmi nous une aura particulière comme une décoration d’ancien combattant
mais surtout la patine d’un homme qui a beaucoup vécu, beaucoup enduré et lui a
aiguisé le jugement. Son avis avait
valeur de parole d’évangile.
Il
sentait bien que tout partage d’expérience sur la perte de liberté et ses
conséquences resterait pour les autres quelque chose d’intime et de mystérieux,
ramené souvent à la simple question de l’enfermement. Sans doute que
l’expérience est réellement intransmissible par nature. Le premier sentiment
naît d’un manque, la "vie d’avant"
d’un paradis perdu qui s’efface, comme une nostalgie d’un temps disparu,
d’autant plus enjolivé que la réalité est difficile à supporter. Phénomène qui
par paradoxe prend du sens dans une "évasion"
par la pensée qui agit comme un processus d’autodéfense existentielle.
« Par exemple, nous expliqua-t-il, à l’époque de Noël
(l’influence des fêtes de fin d’année, les images de convivialité qu’elles
suscitent je suppose), je faisais un
rêve récurrent, inachevé, où se télescopaient passé et futur : je me
trouvais déporté chez moi mais, oh stupeur, à une époque révolue, au temps de
ma jeunesse, des rues encore pavées pour l’essentiel, des vieux disparus depuis
longtemps, rajeunis par ce retour en arrière, mes copains encore en culottes
courtes… une reconstitution entachée d’anachronismes, des images qui se
rejoignaient sans vraiment se superposer…
Les fêtes passées, le rêve disparaissait comme il était venu, reprenant les
rêves classiques et apaisants de la taupe qui creuse un tunnel improbable… »
Survivre
en prison… se blinder, passer sur les
petitesses et les sarcasmes, « prendre
sur soi, ajoutait Sacha, cacher
ses faiblesses, ses difficultés… oui mais à force on devient vulnérables, on se
sent comme fragilisés. »
L’esprit
tourne à vide, vagabonde en suppositions : que serais-je devenu,
qu’aurais-je fait de ma vie sans la prison… j’aurais vécu d’autres expériences,
peut-être moins enrichissantes après tout, d’un point de vue existentiel… Sacha
ressassait ses difficultés à l’aune de ses peurs passées, son enfance de fils
de riches (famille de commerçants plutôt aisés) bousculé par ses camarades, se
sentant différent, avec un sentiment de culpabilité qui l’avait longtemps
poursuivi et avait nourri une méfiance pointilleuse qu’il évacuait en nous
côtoyant.
Le
prisonnier –« l’enfermé »
comme on avait surnommé Auguste Blanqui- se fait son cinéma, scènes de
vacances idylliques faites de plages baignées de soleil et ombrées de
cocotiers, univers de pub et de spots tenant du merveilleux, autant d’exutoires
de la prison. Temps éphémère de la fuite nocturne et des rêves éveillés. Temps
où l’on commente les rares nouvelles qui filtrent de l’extérieur avec
délectation, où ceux qui reçoivent du courrier sont jalousés, vus comme des
privilégiés. Après vient ce sentiment évanescent de vide, d’idées noires et
d’aliénation comme autant de cycles antinomiques.
Le
rêve comme refuge suprême qui nie la réalité comme un espoir en devenir qui
existe quelque part, une foi folle et inextinguible. « Cette forme d’espoir, disait-il, ne se réfugie pas dans le rêve,
il y réside, le rêve devenant le vecteur favori de sa propre projection vers
l’extérieur et vers l’horizon plus ou moins lointain de
"l’après-incarcération". »
Sacha n’était pas non
plus dupe de ses propres projections. Il savait que les bonnes résolutions, les
visions merveilleuses de retour à la vie d’avant n’étaient que « la banale expression d’une banale
psychose de prison ».
Il se disait parfois qu’en prison, moins on se fait d’illusions et plus le
retour à la "vie normale"
devrait en être facilitée.
Il se
raccrochait à cette idée que la prison est un univers entropique de désordre et
de mort, et que pour survivre, il faut d’abord exister, faire en sorte que la
logique de vie l’emporte sur la logique de mort.
Mais bien sûr, le plus facile est toujours de se mentir à soi-même…
Un
aspect positif quand même : ce doute existentiel qui oblige à se remettre
en question pour ne pas sombrer dans le néant. Aucun chemin de traverse
possible pour pouvoir tricher avec soi-même. Un questionnement vital :
c’est réagir ou périr. Enfin, c’est ainsi que Sacha voyait les choses et
tentait d’y remédier à partir d’un objectif essentiel : défendre sa
dignité, mettre en place une "praxis existentielle" qui renforce ses
capacités. Car le milieu carcéral finit pour envahir toute la vie, y compris la
vie intérieure, pensées, rêves, révoltes, abattements… en ce sens, c’est un
milieu totalitaire.
« J’ai fait un constat étrange et très
déplaisant ajouta Sacha, tout songeur : arrivant aux trois-quarts de ma
peine, je me suis aperçu que plus on avance vers sa libération et plus le temps
à tendance à s’étirer. On s’habitue à la longueur de sa condamnation comme si
son horloge interne se calait, se synchronisait sur ce temps particulier, cette parenthèse dans sa vie.
Sensation vraiment curieuse qui,
contrairement à mes espoirs, n’améliorait pas le moral.»
Pour y remédier, il faut se fortifier, jour après jour, effort après effort :
éviter les excitants, ce qui est un vrai défi dans ce milieu, et garder son
sang-froid en toute occasion. « Car
ici, explique Sacha, pas question de s’exprimer, très peu d’occasions de
vivre des expériences psychologiques et émotives positives. Car ici, la vie est
un combat incessant contre l’entropie du système. »
En
route pour le Larzac
Il en jouait, comme je jouais de son détachement -feint ou pas, peu m'importait- en plaisantant, répliquant : « Moi, je vais me contenter de dépasser Sacha; pour Euclide et le mur du son, on verra demain. » Les autres riaient, comme on rit d’une blague qu’on n’a pas vraiment comprise. Lui en souriait.
Le Larzac ! En fait, personne ne savait au juste où c'était, à peine un titre dans les journaux. Que nous importait quelques paysans qui se battaient pour quelques arpents de terre !
Seul Sacha connaissait. Stupeur. « Oui... enfin un peu. J'ai encore les carnets de mon père où il raconte comment pendant la guerre il s'est réfugié près du village de La Cavalerie dans le Larzac après son évasion du camp du Vernet d'Ariège. Curieuse aventure de temps sombres, plus encore pour des étrangers comme mes parents. Ma mère Hanka fut internée elle aussi un peu plus loin dans un autre camp, celui du Rieucros, en Lozère, où allait mourir mon frère Konrad. » C'est ainsi qu'on a su qu'il avait eu un frère. Son silence était lourd d'une blessure qu’il traînait comme un boulet.
Inutile d’insister.
Voilà pour la non violence. Mais, grand seigneur, je n’en soufflais mot à June… mon silence éloquent suffisait…
Contre toute attente, le courant était passé entre nous.
Contrairement à June qui aimait tout le monde sans a priori, j’avoue que je répugnais à leur accorder ma confiance.
La guerre d’usure : Gardarèm lo Larzac
Je vous salue paysans du Larzac et je salue votre lutte pour la justice, la liberté et pour la paix, la plus belle lutte de notre vingtième siècle. » Jean-Paul Sartre
Une décennie de lutte, ce fut un peu notre guerre de cent ans. Une guerre d’usure. On avait notre tête de turc, celui qui avait initié le projet d’extension du camp, sur qui on cognait avec délectation : Michel Debré dit "Mimi la colère". On défilait aux cris de « Debré ou de force, nous garderons le Larzac ou de Faites le labour, pas la guerre. » Folklore peut-être mais le folklore est partie intégrante de la mise en scène, et de plus, une excellente affaire pour les médias.
La bataille médiatique fait partie du paquet cadeau.
On s’est rendu compte qu’il fallait en urgence dégager des convergences pour présenter face aux médias et à l’opinion publique un front uni qui puisse tenir la route.
La lutte n’était pas faite que de folklore et d’affrontements avec les forces de l’ordre.
Pour soutenir les manifestations paysannes, June avait déterré la hache de guerre et immédiatement lancé un appel dans son journal Le solidaire :
« Il ne faut pas se laisser abattre !
Les manœuvres d’intimidation de l’armée ne doivent pas nous faire reculer. Retenons bien cette leçon…
Nous nous battrons partout, à Millau, à Paris, dans toute la France. Amis du Larzac, frères de combat, nous ne vous abandonnerons jamais ! »
Belle profession de foi… qui fit mouche au-delà de nos cercles d’amis.
Le Causse, noir de monde pour la manif, « non, clamait June toute échauffée par son discours, pas noir, il est multicolore sous le soleil et les robes des femmes donnent une note vraiment gaie à ce rassemblement ! »
Elle planait sur son petit nuage et rien n’aurait pu entamer sa bonne humeur.
Selon Le Monde, « Le Larzac était devenu la vitrine de la contestation ».
Ici, il se passait vraiment quelque chose.
Et les médias le faisaient savoir.
Lanza del Vasto portait une espèce de coiffe bleue qui lui couvrait le dessus et les côtés de la tête, des moustaches et une magnifique barbe blanche qui mettaient en valeur des yeux d’une mobilité extraordinaire. Jean-Marie Muller, chauve et la bouille ronde cachée en partie par une énorme barbe noire, aux yeux doux et rieurs derrière sa paire de lunettes. Je m’éclipsais sans bruit quand June développa sa vision assez désarmante de la non-violence.
Fin des trois jours des Fêtes libertaires de Barcelone. De vraies fêtes comme seuls peuvent en faire ceux qui n’ont aucun complexe, aucune limite a priori. Barcelone toujours à la pointe, malgré tout, malgré la rage d’extermination des communistes pendant la guerre civile. Une belle revanche aussi pour nous, la preuve qu’on peut survivre à tous les sévices, à toutes les tentatives de génocide auxquelles on a été soumis au cours de l’histoire.
Comme chantait Léo Ferré : « La plupart espagnols, allez savoir pourquoi… les anarchistes… »
On a plié bagage, embrassé tout le monde et on s’est entassé dans les trois véhicules disponibles, direction Creys-Malville dans le Nord-Isère le long du Rhône, pour manifester contre le surgénérateur Superphénix, ce nouveau fleuron du nucléaire français. Après une journée de route, on a planté les tentes dans un champ à l’écart du village pour prendre un repos réparateur bienvenu avant la manifestation du lendemain.
Le temps est maussade, incertain. Dans la nuit une averse rageuse frappe les pans de la tente d’un son régulier qui berce notre premier sommeil. Dur réveil au petit matin. On patauge dans l’herbe mouillée et la boue du chemin. Petit déjeuner silencieux, l’eau suinte sous la tente, les chandails sont humides. Chacun essaie de se réchauffer comme il peut.
Comme si ça ne suffisait pas, les CRS débarquent sans crier gare, hargneux, et fouillent tout sans ménagement sous prétexte de chercher des armes cachées. Comme si on était assez débiles pour planquer des armes ici, dans les tentes et les voitures ! Jean-Paul penchait plutôt pour une provocation, moi plutôt comme un avertissement, une démonstration de force avant le grand défilé prévu pour l’après-midi. Pour une fois, on n’avait aucun plan défini, venus au débotté avec nos amis de Barcelone. Quelque peu démunis face à la nuée de flics équipés comme pour un raid.
Un hélicoptère tournicote au-dessus de nos têtes depuis un moment. D’après les Italiens, ils ont envoyé des hommes grenouilles surveiller la centrale dans cette partie du Rhône qu’on appelle la vallée bleue.
Déploiement de quasi guerre. On serait à peine surpris de voir surgir un sous-marin au beau milieu du Rhône ou débouler des chars dans les maïs. Ça augure mal de la suite.
Un bon bout de temps, on a marché sous la pluie, trempés, les pieds gelés à patauger dans l’herbe gorgée d’eau. La jonction avec les autres groupes s’opéra dans un vaste croisement déjà noir de monde à notre arrivée. Les tristes imperméables de rigueur aujourd’hui tranchent avec les parapluies de toutes les couleurs, comme autant d’oriflammes qui dégoulinent sur nos pauvres chaussures. Petits atomes bien au chaud dans cette foule immense, on se sent soulagés, rassurés par le nombre.
D’après les organisateurs, on serait au moins soixante mille sur le site. Mais le nombre ne fait pas tout. Une escouade de jeunes casqués et bottés, arborant bâtons et drapeaux, nous dépassent rapidement sans un regard. Maigre groupe de protection pas prêtes de faire le poids face aux troupes de choc du pouvoir.
La suite le confirmera.
En attendant, on n’était pas au bout de nos peines. L’ambiance assez lourde, le temps pourri tranchaient avec la jovialité bon enfant du Larzac. Pressentiment de Junequi soupirait sous la pluie, le capuchon de son imper sur le nez, les mains dans les poches. Depuis un bon moment, on longe des champs de maïs de chaque côté du chemin pour tout à coup déboucher dans une vaste prairie boueuse où on s’entasse, un cordon de gendarmes mobiles nous barrant l’accès à la route.
Une rumeur insistante se met à circuler dans les groupes : la veille au soir, le préfet Jeanin a fait virer de Morestel manu militari les militants écolos –en majorité des Allemands de Greenpeace- et diffuser de fausses informations pour impressionner la population. Un préfet de choc intimant aux flics l’ordre de « nettoyer cette "bande à Baader" », tenant des propos haineux et quelque peu xénophobe. Réaction bien sûre outrée de notre part suscitant des « À bas le préfet, sale facho ! » Ce n’était sans doute qu’une posture jetée en pâture à l’opinion publique.
Pour nous, très vite les choses sont claires, les forces policières ont reçu l’ordre d’en découdre. Face à nous, armés de nos parapluies, des rangées de types harnachés comme l’ost médiévale, de heaumes et d’écus –pardon, de casques et de boucliers- fusils au poing. Pluie de grenades qui rendent l’air irrespirable tandis que la pluie redouble. Décontenancés, tout le monde recule en désordre.
On se prend ensuite des grenades au chlore qui vous bloquent la respiration, des grenades offensives meurtrières qui pètent dans un bruit d’enfer. Les forces anti émeute tout de noir vêtues enfoncent facilement notre premier rang. Il y a des bosses et du sang, des flics s’acharnent sur un manifestant à deux mètres de nous. Au moment où on recule, une scène inouie se déroule sous nos yeux ébahis : de jeunes flics sans doute écœurés par la violence, la rage gratuite de leurs collègues, quittent le terrain en mettant crosse en l’air et l’incroyable se produit quand des officiers se mettent à tabasser les récalcitrants à coups de matraque. Situation presque aussi incroyable que le 101ème de ligne fusil au pied devant les vignerons en colère en 1910. L’incident dure peu et les témoins furent peu nombreux.
Nous n’eûmes pas le loisir d’entonner la chanson de Montéus, la pression se faisant de plus en plus inquiétante, devenant même intenable. June glisse sur l’herbe trempée ou reçoit un coup de matraque, je ne sais, et Bernard d’un bras puissant parvient à la redresser et la plaque contre lui.
On se carapate en essayant de gagner le village de Faverges mais d’autres CRS nous y attendent. Alors, on reflue en direction de Pusignieu. On compte plusieurs blessés dans le groupe qu’on côtoie. Bernard soutient un jeune espagnol touché à une jambe.
Les jeunes du service de protection ripostent comme ils peuvent à coups de pierres et de boulons. Dérisoire. Ils sont vite dépassés et prennent tous les coups. Les organisateurs, eux aussi dépassés par les événements et la violence de la répression, estiment l’objectif atteint et sonnent la retraite. Nous opérons, comme souvent l’armée française, un "repli stratégique".
June, réfugiée dans une ferme de Mépieu, un village voisin, ne décolère pas et vocifère (ce qui lui arrive rarement) : « Quelle pagaille ! Est-ce ainsi cette fameuse non-violence active qu’on nous a tant vantée ? » Apparemment la non-violence active en était encore au stade du concept.
Consternation, affliction et colère : un jeune prof Vital Michalon a été tué par le souffle d’une grenade offensive, ainsi le pouvoir a du sang sur les mains. Son intransigeance a tué. Le préfet Jeanin, jamais en veine d’une bourde, annonce qu’un « Allemand est mort d’une crise cardiaque. »
Réchauffés par la sollicitude de nos amis de Mépieu –ainsi que par le bon feu ronflant dans la cheminée et un bon verre de vin de Montagnieu- on se remettait doucement de la douche froide qu’on venait de recevoir, en évoquant les bons moments vécus au Larzac et plus récemment à Barcelone.
On a compris plus tard, quand on a pu prendre assez de recul pour analyser ce qui s’était passé, la différence essentielle entre le Larzac et Creys-Malville : c’est "touche pas à mon nucléaire". Finalement pour le pouvoir, le Larzac ave ses paysans et ses moutons, représentait un enjeu mineur, pas assez important pour prendre des risques en employant la manière forte, alors que Creys-malville est considéré comme un enjeu majeur pour l’approvisionnement du pays en énergie, un rouage essentiel de sa stratégie. Pas question de laisser faire un quarteron de jeunes écervelés.
Dans ces conditions, la non violence atteint vite ses limites.
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