Le père Noël et ses quatre rennes Tornade , Danseuse, Furie et Éclair.
Quelques jours avant Noël
- Ola, ola, tonna le Père Noël, dépêchons, dépêchons, nous allons bientôt être à la bourre. Jamais nous n’aurons le temps d’honorer toutes nos livraisons. Bougez-vous donc un peu.
Immédiatement, ces dames lui répondirent par des grognements et tapèrent du sabot pour manifester leur mécontentement à ses propos.
-
O là là, qu’il est donc grognon aujourd’hui. C’est toujours pareil à
cette époque. Il se repose toute l’année et là, il faudrait qu’on
travaille jour et nuit. ! Pas étonnant qu’il n’ait jamais su garder une
femme.
- Tu as bien raison, dit sa voisine, on n’est pas près d’avoir une Mère Noëlle !
- On devrait le menacer de se mettre en grève, ça lui ferait les pieds, dit une autre.
- Penses-tu, il a mis les syndicats dans sa poche.
-
C’est fini de pépier derrière mon dos. Mauvaises langues, vous feriez
mieux de vous hâter au lieu de caqueter. [(à part lui) Les rennes, ce
n’est plus ce que c’était. L’année prochaine, je vais acheter des
drones pour effectuer mes livraisons. C’est très à la mode en ce
moment. Peut-être un peu moins écologiste mais rien ne vaut sa
tranquillité.]
Allez, allez… Et que je ne vous entende plus. Ah, où en étais-je ?
- Et nos camarades mâles, pourquoi ne sont-ils pas avec nous. Bénéficieraient-ils d’un traitement de faveur ?
- Oui, pourquoi y a-t-il deux poids deux mesures ?
- Je suis sûr que, pendant ce temps, ils se la coulent douce.
- C’est de la pure discrimination.
- Bon sang de bon sang, mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour
avoir à affronter cette contestation permanente ? Et ça râle, et ça
râle… On dirait vraiment que vous êtes constamment brimées, les mal
aimées de la meute. Comme si je faisais des différences entre vous.
- Ouais, Tu as beau dire, ils ont eu droit à double ration d’avoine.
- Tu crois vraiment qu’on ne s’en était pas aperçu ?
- Tu sais, on n’est pas aussi idiotes que tu sembles le croire.
- C’est vrai, on n’est pas débiles... Et on n'a pas les yeux dans nos poches !
- Bon sang, avec ces quatre-là, je vais terminer à l’asile. Y’en a toujours une qui fait un pet de travers et remonte les autres contre moi. Ah, qu’elles savent si bien s’entendre sur mon dos !
- Vraiment, il nous prend pour des bêtes de somme cet esclavagiste.
- Quel sale caractère. Il a beau jeu de se plaindre de nos sautes
d’humeur, qu’on brame tout le temps et qu’on donne du sabot pour un
rien.
- Oui, il pourrait se regarder dans une glace ce bougon.
- Pas question qu’on se laisse faire.
- Quelles bestioles dont il a fallu que je m’entiche, elles travaillent une semaine par an et elles ne sont pas fichues d’être opérationnelles quand il faut. Elles vont me rendre chèvres.
- On t’a entendu. Tu sais, on a l’ouïe fine.
- Tu n’as pas vraiment la barbiche d’un bouc.
- Mais il en a l'odeur, ah, ah !
- Quand tu seras chèvre, tu donneras au moins du lait. Et tu pourras ainsi nous en faire tout un fromage.
(fou rire de ces dames)
- Arrêtez de ricaner bêtement ainsi et gardez vos forces pour tirer le
traîneau. Je vous rappelle qu’il est très, très lourd et qu’on ne le
tire pas avec la langue.
(à son tour de rire)
- Oh, humour facile. Mais méfie-toi quand même : si tu nous donnes
encore des coups de cravache comme l’an dernier, on te dénoncera à la
SPA et au CDR, le collectif des dames rennes.
- Pourquoi on s’en priverait ?
- On a des droits et on veut les faire respecter.
- Parfaitement, et tu sais qu’on n'est pas tendres avec des tortionnaires de ton espèce.
- Oh, oh, écoutez-les, on les croirait presque ces langues de vipère.
Et allez, et allez, continuez à faire monter la mayonnaise. Quel
toupet. Ça cancane, ça exagère, ça se fait plaindre… Tenez, vous voulez
mon mouchoir ?
Vous parlez... juste quelques légers coups de badine pour vous remettre
dans le rang. J’en ai marre d’être brinquebalé de droite et de gauche
parce que vous tirez le traîneau à hue et à dia. J’ai parfois
l’impression d’être sur un bateau dans une mer en furie, pris, pauvre de
moi entre roulis et tangage. À croire que vous le faites exprès… ce qui
ne m’étonnerait pas.
- De toute façon, on sera quatre à témoigner face à ta mauvaise foi.
- Je me demande si on ne m’a pas refilé des bestioles encore à demi sauvages. Et quand je dis à-demi… j’ai peur d’être optimiste. De toute façon, elles sont indomptables, inaptes à obéir et à se coordonner quand il faut tirer le traîneau. Tornade et Furie tirent comme des brutes et pas toujours à bon escient, Éclair a tendance à planer et Danseuse avance parfois par bonds.
- Et voilà comment il nous voit. Tout ça parce qu’on ne se ressemble pas. Et notre altérité bon sang !
- On en a autant pour ta gouverne. Tu devrais nous remercier d’être
encore avec toi, parce qu’avec ton fichu caractère, aucune autre
n’aurait pu te supporter.
- Ah la la, heureusement qu'on se voient juste une semaine par an.
- Oh oui, ça suffit largement.
- Ah, voilà que j’ai des ennuis avec le traîneau maintenant. Juste quand il ne faut pas. Évidemment, il n’a pas servi depuis un an. Ah, les patins ont encore pris du jeu. Il faut tout que je fasse ici, sinon rien ne fonctionne. Avec mon habit rouge, je vais encore tout me salir.
- Monsieur l’indispensable ferait mieux de prendre sa retraite vu qu’il doit bientôt avoir l’âge du grand-père de Mathusalem.
-Ah, ah… monsieur Mathusalem, tu y crois, toi, au Père Noël ?
- Comment veux-tu qu’il y croit… le Père Noël, c’est lui ?
Ah bon, vous pensez qu’il croit en lui ? Méfiez-vous, méfiez-vous des
apparences, elles sont si trompeuses, Tirez sur la barbe, vous verrez !
Faux et usage de faux.
- Eh les filles, vous croyez que je suis un avatar, un avatar du "vrai" Père Noël ?
Allez, allez, il faut partir maintenant… Oh, Sainte vierge Marie Jésus,
Joseph, pauvre de moi, elles ne sont pas prêtes, il faut encore
qu’elles se refassent une beauté et qu’elles se lustrent les sabots… et
j’en ai une qui s’est cassé un ongle…
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<<< Christian. Broussas •Père Noël . © CJB ° 30/11/2022 • >>>
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