1- L’ère chrétienne De 532 à 726
Pièce romaine en or à l’effigie d’Hadrien
Les Romains comptaient les années à partir de la fondation de Rome, comme ils disaient « depuis la fondation de la ville ». Mais quand l'empire romain devint chrétien, cette pratique posa beaucoup de problèmes. Par exemple, pour fixer la date de Pâques, grande fête chrétienne célébrant la résurrection de Jésus-Christ
trois jours après sa mort sur la Croix, les premiers chrétiens
reprennent la tradition juive basée sur le calendrier lunaire, ce que ne
supporte pas l'Église catholique.
C’est un nommé Denys le Petit qui propose de dater la naissance du Christ pour mettre un terme aux « querelles pascales » qui agitent l'Église et réaliser un lien entre calendrier lunaire des juifs et calendrier solaire des Romains.
Justinien Denys le petit, miniature VIe siècle
C'est ainsi qu'en 532 de notre ère, au temps de l'empereur Justinien, un moine scythe réfugié à Rome, Denis le Petit, situe l'année de la naissance du Christ 753 ans après la fondation de Rome, l'année de référence des anciens Romains.
Petit bémol : Denys le Petit a fait une erreur de 5 années. On sait que le roi Hérode, contemporain de la naissance du Christ, est mort en l'an 750 de la création de Rome ; le Christ serait donc né entre l'An 3 et l'An 6 avant l'ère chrétienne, probablement vers l'an 6 avant J.-C.
2- Noël et la naissance du Christ
Pour les chrétiens, la fête de Noël, le 25 décembre, commémore la naissance du Christ. Qu’en est-il réellement ?
On estime que le Christ est né en l'an 753 de la fondation de Rome, sous le règne de l'empereur Auguste, considérée comme l'An I de l’ère chrétienne.
Nativité par Frederico Barocci (1528-1612) & Botticelli
La naissance du Christ
D'après les Évangiles, Jésus serait né de Marie, jeune fille de 16 ou 17 ans, promise en mariage à Joseph, descendant du roi David. On connaît la geste chrétienne : Marie est vierge et l'ange Gabriel lui annonça qu'elle accoucherait du Messie tant attendu par les juifs. Naissance qui eut lieu à Bethléem vers Jérusalem, pour une question de recensement décidée par l'empereur Auguste. Il faut aussi préciser que ce recensement ne repose sur aucune donnée historique sérieuse et établie...
Ceci dit, on sait que Jésus passa son enfance en Galilée, dans la petite ville de Nazareth, où son père Joseph était charpentier et qu’il a eu plusieurs frères et sœurs. (assertion soutenue par les protestants et contestée par les catholiques). En effet, le mot grec adelphos peut désigner aussi bien des frères que des cousins du Christ.
Lorenzo Monaco L'adoration des mages 1422
Sous l’Empire romain, les Grecs célébraient la naissance de Jésus-Christ le 6 janvier, pour l'Épiphanie (du grec apparition). Ce n’était pas seulement sa naissance qui était célébrée mais aussi son baptême par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain, le miracle des noces de Cana (l'eau transformée en vin) ou même sa présentation aux rois mages.
En 354, un pape nommé Libère impose le 25 décembre pour y dissoudre les Saturnales romaines et la fête du soleil vainqueur célébrant le retour du soleil après le solstice d'hiver. (Jésus représentant la « Lumière du monde »)
Peu à peu au cours du Moyen Âge, l’habitude a fait que cette fête soit basée sur la naissance de Jésus. Le mot Noël proviendrait de natalis dies (en latin, « jour de la naissance »).
3- La crèche de Noël
Une tradition ambivalente
Santons, musée de Marseille
Santons Carbonel : berger et fileuse de coton
L'iconographie chrétienne en matière de crèche, c'est surtout l'image de l'étable et de ses accessoires, l'enfant Jésus, l'âne et le bœuf, et tous les autres... pour continuer une tradition très ancienne liée à la Nativité, la célébration de la naissance du Christ.
Crèche et personnages
La crèche représente un élément important du christianisme, citée dès les premiers écrits des évangélistes. Luc en particulier présente Marie et Joseph, venus à Bethléem pour être recensés, qui n'ont pas trouvé de place chez leur hôte. D'où leur installation dans l'étable et l'enfant Jésus déposé dans une mangeoire à bestiaux. Ce nom crèche, viendrait du terme allemand krippe, francisé au XIIe siècle en « crèche ».
Nativité par Conrad von Soest, 1403
Santons César Simien, Musée de Marseille
Célébrer la naissance du Christ s'étend largement tandis que se meurt l'Empire romain d'Occident. Fin décembre, elle remplace ainsi les fêtes païennes du solstice et du retour du soleil. Au départ, la crèche n'était guère plus qu'un décor pour concrétiser cet épisode, créer des représentations « théâtrales » montées d'abord à l'intérieur puis à l'extérieur des édifices religieux. Le but était de mettre en scène à l'aide de tableaux vivants les différentes étapes de la vie du Christ pour les enseigner à un peuple en grande partie illettré.
Timbres sur les santons provençaux
Saint François d'Assise, fort intéressé par l'intérêt du procédé, fut sans doute le premier en 1223 à réaliser une crèche vivante dans un cadre naturel, avec l'aide des villageois de Greccio. Son exemple se diffusa rapidement et très largement au reste de la chrétienté, en France dans des représentations appelées « mystères ». Mais elles connurent des dérives qui aboutirent à leur interdiction à Paris en 1548.
Saint-François d'Assises, vitraux Nativité, église de Viriat
Crèche, santons et personnages
Vers la fin du Moyen Âge, crèches vivantes et crèches décoratives vont cohabiter et ces dernières inclurent de petits personnages, les figurines dont les premières dateraient du XIIIe siècle. Malgré l'opposition de certains protestants, la crèche fut un énorme succès qui prospéra sous l'influence de la Contre-Réforme qui y vit un moyen pédagogique particulièrement efficace pour contrer l'extension du protestantisme. Cette tendance va s'exprimer et se développer à l'époque baroque avec de nouveaux personnages et une munificence particulièrement développée.
Crèche, église dans l'Eure
La Révolution française va jouer un rôle inattendu. L'interdiction des manifestations publiques religieuses rejette la crèche dans l'intimité et fait émerger l'art des "santouns", des petits saints, figurines alors en mie de pain qui sont les piliers de la crèche en Provence. Cet engouement va se concrétiser à partir de 1803 dans une grande foire située à Marseille, qui perdure. Au début du XIXe siècle, un sculpteur Jean-Louis Lagnel remplace le plâtre par de l'argile, avec des moules qui permettent une reproduction à l'infini. C'est un abbé César Sumien qui habille les figurines, leur assurant un immense succès.
Les santonniers Marcel Carbonel et Pierre Graille
La crèche s'installe le 1er dimanche de l'Avent jusqu'au 2 février, jour de la Chandeleur (Présentation de Jésus au Temple). Elle contient outre la Sainte Famille avec la Vierge en prière, Jésus et Joseph, légèrement en retrait, l'âne et son compagnon le bœuf qui réchauffent l'enfant de leur souffle. Côté visiteurs, on trouve l'évangéliste Matthieu, les trois mages, prêtres du culte perse de Mazda, présentant à Jésus en particulier l'encens et la myrrhe.
Village provençal
Sont également présents les bergers, premier avertis de la divine nouvelle et au fil des années, d'autres personnages de plus en plus folkloriques. Quel que soit leur statut, les crèches représentent comme une image de la famille avec la maternité, le culte de l'enfant et un hymne à la vie.
Église de la Nativité à Bethléem
Notes et références
[1] Le mot Messie (« oint du Seigneur » en hébreu) signifie Christos en grec, langue essentielle à l’époque, d’où viennent les noms de Jésus Christ et de ses disciples, les chrétiens.
Voir aussi
* La nativité dans l'art --
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<<< Christian Broussas • Rome et le Christ . © CJB ° 23/12/2022 • >>>
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