mardi 11 avril 2023

Ode à la belle Suzanne

   

Ô quand un jour béni je l’ai rencontrée,

J’en fus, comment dire, comme pétrifié,
Mon Dieu, qu’elle était belle sur son trottoir
Dans la lumière tamisée du soir !

Puis-je vous dire ce que fut mon espoir
Lorsqu’elle traversa soudain l’avenue,
Et que je pressentis mon heure venue,
Peut-être le début d’une belle histoire.

Ô, je vous assure qu'elle était chouette
Avec ses charmantes petites couettes,
Quel bonheur d'admirer son air ingénu
Et l'harmonie de ses formes fort charnues.


« Je vous souhaite le bonjour mademoiselle »,
Tout sourire pour cette belle gazelle,
Puis, en prenant mon air le plus inspiré,
J’osai continuer d’une voix flutée :
« Oh, dites-moi, mademoiselle… comment
Donc vous prénommez-vous ? Moi, c’est Christian.»

Elle me toisa, savourant son plaisir :
« Vous êtes bien curieux, monsieur Christian,
Je ne vous connais pas vraiment, cependant
Je veux bien satisfaire votre désir.
Moi c’est Suzanne, » me dit-elle en souriant

Très gentiment de toutes ses belles dents.
 
Hum… peut-être résidez-vous à Paris ?
Certes non, quelle idée, moi je suis d’ici !
Ah… Et vous êtes encore chez vos parents ?
Oh non, pas du tout, j’ai mon appartement. »

Je rajoutais encore, tout guilleret :
« Ce doit être un petit nid vraiment douillet,
Mais est-ce que l’on peut y tenir à deux ? »
Ma foi peut-être, en se serrant un peu… »

Je sentis mon cœur fondre, battre si fort
Au plus profond, en mon for intérieur,
Tout brûlait en moi, ô superbe Suzanne
Tel le bout incandescent d’une gitane.

Je me rapprochais d’elle tout doucement,
Comme ça, mine de rien, lui susurrant :
« Peut-être pourrais-je vous raccompagner
un peu, si ce n’est trop vous demander ? »

En chemin, mu par un élan inédit,
Sortant ma botte secrète, je lui dis :
« Ah Suzanne, il faut bien que je vous avoue
Que vraiment, je suis morgane de vous. »

« Si vous voulez bien, appelez-moi Cricri
Et je deviendrais votre troubadour,
Votre bel ami, votre amoureux transi,
Pour pousser le plus beau des Cricris d'amour ! »


À cet instant, sur la tête de ma mère,
Ses pieds si mignons ne touchèrent plus terre,
Je la vis partir comme en lévitation
S’élever dans l’air vers son habitation.

Bien sûr, vous ne me croyez pas, sacrebleu,
N'avez-vous donc jamais été amoureux,
Avec la pêche du tonnerre de Dieu...
Sinon ce serait vraiment très malheureux !

    

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<< Christian Broussas
Belle Suzanne   © CJB  °°° 11/04/2023  >>
              (Hendécasyllabes à rimes simples)

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