Cet été là fut particulièrement chaud. Et surtout très long. Le sapin de Noël que Marie-Noël
avait replanté au fond du jardin avait soif mais aucune goutte d’eau ne
venait étancher cette soif : ses branches pendaient comme si elles
voulaient rejoindre le sol pour y puiser un peu de fraîcheur. Déjà deux
mois, oui pratiquement deux mois que le soleil dardait du matin au soir,
écrasant les plantes et les hommes, torturant le vivant de ses rayons
impitoyables.
Son beau sapin de Noël avait l’impression que sa Marie-Noël chérie l’avait abandonné à son triste sort.
Mais il n’en était rien.
- Maman, tu as vu, mon beau sapin a triste mine. J’ai peur que sans mon aide, il ne succombe sous le poids de cette chaleur excessive.
- Que veux-tu, lui répondit sa mère, nous aussi nous en souffrons. On
ne peut que prendre son mal en patience et espérer des temps meilleurs.
Le soir, à la fraîcheur toute relative, Marie-Noël
allait lui parler, ratissait les aiguilles mortes qui tombaient par
poignées, l’aspergeait un peu avec son petit pulvérisateur. Mais rien
n’y faisait : il continuait de dépérir.
Marie-Noël se décida alors à employer les grands moyens. Un soir, d’un air décidé, elle empoigna une pioche, creusa la terre en forme d’assiette tout autour de son sapin et l’arrosa copieusement. Comme elle avait vu faire son père, elle creusa quelques cavités tout autour de l'assiette pour y insérer des boîtes de conserve servant à arroser la terre en profondeur. Avec patience, elle renouvela l’arrosage tout l’été, jusqu’à la mi-septembre quand enfin le soleil consentit à décliner et que les nuits devinrent un peu plus fraîches.
Lassées de cette chaleur suffocante, Marie-Noël et sa mère partirent passer une semaine chez les grands-parents en Savoie.
Elles furent enchantées de leur séjour, purent enfin respirer, humer la
bonne odeur de résine dee épicéas et bien dormir la nuit.
Dans
la vaste sapinière, derrière la maison, les résineux étaient encore
bien verts et à cette altitude, supportaient sans trop de problèmes la
situation. La veille du départ, une idée lui vint. Près de la clairière,
plusieurs repousses s'étaient développées près d’un sous bois. Elle y
préleva un tout petit épicéa de quelques centimètres qu’elle plaça pour
le voyage dans un pot de verre tapissé d’un bout de coton imbibé d’une
eau légèrement sucrée.
- Ainsi, s’il reprend dans le jardin, mon sapin aura un petit compagnon et j’espère que de cette façon, il ne s’ennuiera plus.
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