samedi 21 mars 2020

Dialogues au bureau

                          PATRON   versus    EMPLOYÉ
     Après tout nous ne sommes que de braves français …

              
« Tu as entendu ?  Notre chef est mort ! »
- « Oui ! et je me demande bien qui est mort avec lui »
 « Comment ça, avec lui ? »
 « Ben, dans l’annonce ils ont écrit :
Avec lui disparaît un de nos collaborateurs les plus compétents » 


Le chef à un collaborateur :
 « Voila la quatrième fois cette semaine que vous êtes en retard. Qu’est-ce que vous en concluez ? »
- « Qu’on est jeudi ! »


« Dites, Dupond, vous avez vu l’heure ! Pourquoi arrivez-vous seulement maintenant au bureau ? »
 « Parce que, hier, vous m’avez dit que je n’avais qu’à lire mon journal à la maison ».

Un entrepreneur demande à un collègue :
« Pourquoi tes collaborateurs arrivent-ils toujours à l’heure ? »
- « C’est tout simple : j’ai 30 collaborateurs et seulement 20 places de parking ! »


Lors de son discours de prise de fonctions, le nouveau chef à ses employés :
- « Ne me considérez pas comme votre chef mais comme un ami qui a toujours raison ».

AUSSI LONGTEMPS QUE MON CHEF FERA SEMBLANT DE BIEN ME PAYER…
JE FERAI SEMBLANT DE BIEN TRAVAILLER !

- « La maison voudrait bien vous engager mais, hélas, nous n’avons pas de travail pour vous en ce moment ... »
- « Oh ... Vous pouvez m’engager quand même, le travail ne m’intéresse pas tant que ça ... »


Le chef réprimande sa secrétaire :
-  « Qui vous a dit que vous pouviez vous tourner les pouces ici toute la journée, simplement parce que je vous ai embrassée une fois ou deux ? »
La secrétaire avec un large sourire :

- « Mon avocat, Monsieur ! »

- « Pourquoi Dupond ne fait-il rien aujourd’hui ? »
- « Cette semaine, il remplace le chef ... »


Un collaborateur à son chef :
- « Vous m’aviez bien promis une augmentation si vous étiez content de moi ... »
- « Bien sûr ! Mais comment puis-je être content de quelqu’un qui me demande plus d’argent ! »

Le chef du personnel :
- « Vous commencez lundi et vous serez payé selon vos prestations »
Le candidat :

- « Désolé, mais je ne peux quand même pas vivre que de ça »

Le responsable RH :
- « Nous cherchons quelqu’un qui n’a pas peur du travail et n’est jamais malade »
- « OK, engagez-moi, je vous aiderai à chercher »

 
- « Chef, ce soir, ma femme voudrait que je fasse les courses avec elle. Est-ce que je pourrais partir deux heures plus tôt ?
 « Il n’en est pas question ! »
- « Merci, chef !  Je savais bien que vous ne me laisseriez pas tomber ! »

Mon patron m’a enfin donné plus de responsabilités …
Il m’a dit que j’étais responsable de tout ce qui va de travers.

Quand je demande une augmentation, mon travail est sans importance …
Cependant quand je demande des congés, je deviens INDISPENSABLE ...

Le lundi, je suis comme Robinson Crusoë :
j’attends Vendredi  !!!
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<< Ch. Broussas, Dialogue au bureau 21/03/2020 © • cjb • © >>

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Dans tes yeux...



Dans tes yeux grands ouverts sur le monde
Que  brusquement la lumière inonde,
Scintille tout au fond une étoile,
Qui tout doucement soulève un voile
Pudique sur tes désirs profonds,
De tous ces tendres moments qui font
Ce que je fais et ce que tu fais,
Ce que je suis et ce que tu es.
 
Ta liberté, c’est ma liberté,
La mienne dans sa totalité,
Ton désir, c’est ma vérité
Au fond de ta pupille éclatée,
Comme le bercement de la mer
Où je me glisse et où je me perds,
Il me suffit de fermer les yeux
Pour savoir ce qui en toi m’émeut. 

Nous deux, c’est une question de cœur
Et quelques sourires partagés
Ou quelques gestes à peine esquissés
Peuvent suffire à notre bonheur.
 

Quelques mots doux parfois, cependant,
Comme pour ajouter au présent
Une pointe de futilité,
Une touche de sérénité.

 
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<< Ch. Broussas, Dans tes yeux, 16/03/2020 © • cjb • © >>
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Petits dialogues 2

Le grain de beauté    (46)

-Oh, cher madame, je crois qu’on se connaît, que je vous ai déjà vu quelque part, dis-je à cette charmante personne que je croise.
Entrée en matière on ne peut plus classique mais difficile d’être à tout coup original. La dame, gênée, outrée, intéressée, allez savoir, joue les ingénues, genre :
- Mais monsieur, je ne vous permets pas…
À entame classique, réponse classique. S’il fallait attendre de permettre pour qu’on se permette… mais passons, de toute façon, la réponse n’a guère d’importance.
 - je me permets d’insister parce qu’on n’oublie pas une aussi jolie femme que vous.
Là, j’ai marqué un point. « Jolie femme », elle note ça pour son journal intime ou les jours de déprime.
Qu’est-ce qu’elle ne va pas pouvoir raconter à ses copines : »Ah, figure-toi que…. »
- Ah, mais si, j’y suis, enchaînai-je, quelle que soit sa réponse, je vous reconnais maintenant. C’est bien vous qui avez un si joli grain de beauté sur la fesse gauche.
Succès garanti.
Aussitôt, regard noir même si elle a les yeux bleus, elle monte sur ses grands chevaux avec réplique sur le même registre.
- Mais, Je ne vous permets pas, devrait-elle répondre, indignée.
Notez la réponse stéréotypée qui n’est là que pour sauver les apparences. Si elle fait mine de s’éloigner, ce n’est qu’un artifice qui fait partie du jeu. Donc pas de panique, il est facile de la retenir.
- Je vous assure, continuai-je, je suis fort bien placé pour avoir une vue panoramique sur cette partie de votre anatomie.
Et sans lui laisser le temps de répliquer.
- Prenons un exemple : Je me place derrière vous et j’ai immédiatement une vision à 180 degré en gros plan rappelant un tableau d’Ingres où on voit une jeune femme dans la même position avantageuse, tentant de se retourner pour aller voir derrière se qui se passe. Il est vrai qu’on peut préférer le tableau de Courbet qui est plus intéressant, je vous l’accorde, avec une vue panoramique dans l’autre sens, mais ne grillons pas les étapes.
Dieu a bien eu raison de ne pas doter les femmes d’un troisième œil derrière la tête. Sûr que pour se coiffer, ça n’aurait pas été facile mais ça aurait enlevé beaucoup aux relations entre hommes et femmes.
Bref, en l’état actuel des choses et de l’anatomie féminine, il faut bien que les hommes contrôlent le port arrière de ces dames, examinent si rien ne cloche, que tout est en ordre et prêt pour une petite balade.
De toute façon, la dame, philosophe, ne peut que constater qu’elle ne peut empêcher quiconque de mater son corps même qu’on ne peut toucher qu’avec son consentement même tacite.
Elle peut même tenter d’avoir le dernier mot avec une phrase passe-partout en disant :  « - Ah mais… Avez-vous bientôt fini à la fin ?
Et vous de rajouter :
- La fin chez madame. Vous n’y penser pas. C’est impossible. Reprenez votre fiche technique, vous verrez qu’il y est bien indiqué : PRÉLIMINAIRES. Comment voudriez-vous que j’arrête aux préliminaires, ça ne ferait pas sérieux. Et je suis un homme sérieux, moi madame ! D’ailleurs, j’ai la fiche technique officielle, oui avec l’extension .gouv, estampillée du ministère de la santé. Alors, pas de problème, vous pouvez avoir confiance.
Si elle sourit, c’est gagné !
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L’œil de Caïn        
(23)
C’est comme quand un homme fait le poireau sur le trottoir ou à la terrasse d’un bistrot en attendant que sa femme "fasse ses emplettes", en fait s’adonne au vice du lèche-vitrines et du shopping.


Pendant ce temps, il regarde nonchalamment tout ce qui entre dans son champ de vision pour se passer le temps. Un homme normal qui ne louche pas (s’il louche c’est pour d’autres raisons) et qui n’est affligé d’un strabisme divergent qui ouvre vraiment trop son champ de vision, a une vision de quelque… disons 120 degrés. Il balaie peinard tout ce qui passe à leur portée, l’esprit en sommeil, le cerveau sur la touche pause, pessimiste sur le proche retour de son épouse.

Parfois, le regard accroche un point de vue intéressé, ça fait partie des avantages du shopping, et immédiatement, le balayage s’arrête et le cerveau passe du mode automatique au mode arrêt sur image. Et la pupille zoome sur l’objet en question pour afficher en grand l’image qui s’affiche sur votre rétine.
Ah, parfois ça vaut la peine de poireauter une heure sur le trottoir !
Et bien entendu, c’est le moment précis que choisit votre femme pour réapparaître et vous coller dans les bras les fruits de ses pérégrinations.
« Ah dit-elle j’ai cru que je ne m’en sortirais jamais ! » Et immédiatement : « Mais qu’est-ce que tu regardes. Oh mon dieu, le cul de cette grosse pétasse qui essaie de faire passer son 42 pour un 38, que ça la boudine de partout ! » Son cas est plié ; le jugement est sans appel. Grosse, grosse, ça peut se discuter… Mais de toute façon, la discussion n’est pas ouverte. Elle vous attrape par vos abattis pour vous emmener loin de cette croqueuse d’hommes qui allait se jeter sur vous comme un vol de criquets dans un champ de blé.
Alors, en une nanoseconde, vous repassez direct en mode automatique.
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On peut aussi transposer dans une situation plus intime.
 [Où est-il exactement ce grain de beauté ?]
- Attends, mets ton doigt chérie, je vais te guider.
- Non, non, beaucoup trop haut, encore trop haut, non, beaucoup trop bas, trop bas chérie…
- Et bien trop tard chéri, je suis m’en vais, je suis déjà en retard !
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Les principes de Bruno (Mon corps est à moi)      (21)
Mon pote Bruno est un homme à principes, droit dans ses bottes diraient certains. L’autre jour, je lui mets le marché en mains, lui disant :
- Figure-toi, tu rencontres une dame qui profite d’un endroit tranquille pour se jeter sur toi en susurrant : « Oh, prends-moi, prends-moi, mon corps t’appartient, il est à toi.
(Ça arrive souvent, si, si, je vous assure, surtout à la campagne)
Qu’est-ce que tu fais ?
Tu lui dis : « Ah je vous en pris chère madame, cachez ce corps que je ne saurais voir, pas de tartuffinades entre nous. Votre corps vous appartient !
 Bruno, face à ce dilemme cornélien, est prêt à sortir son joker. Mais je ne lui en laisse pas le temps.
- Tu pourrais aussi lui rétorquer : « Oh bien sûr chère madame, votre corps est à vous mais si vous voulez, je peux mettre le mien à votre disposition. Je vous fais don de ma personne comme un certain maréchal en son temps a fait don de la sienne à la France.
- Et si elle te prend au mot, t’intimant de passer à l’acte, qu’est-ce tu fais ? Tu tergiverses par exemple en lui disant : « Mais bien sûr, selon le principe de précaution indispensable, je n’en puis disposer qu’avec circonspection, tact et mesure. »
Là, elle risque de devenir violente.
- Tu ne peux quand même pas lui répondre : « Oh, certes votre proposition est alléchante et mérite d’être prise en considération mais d’un point de vue juridique, vous restez propriétaire de votre corps et moi, toujours du même point de vue juridique, je n’en ai que la jouissance ! »
[Ajouter : 3 réponses : la prendre illico re résister 3 secondes
conclure avec l’histoire des 2 curés : l’expérience (dans les dents la robe)]
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Ah les femmes, me direz-vous…
Ah les femmes, me direz-vous… Tenez prenez les deux dernières grandes guerres.
En 14-18, si on avait mis des régiments de femmes dans les tranchées, sûrement que les Allemands auraient appréciés.
Voyez ça d’ici, les « petites franssouzes » appelant les soldats allemands dans une tenus règlementaire mais affriolante, leur disant : A l‘attaque,  les premiers arrivés seront les premiers servis !
C’est comme en 1940 : Ce n’était pas sur la ligne Maginot qu’il fallait attendre les Allemands, c’est à Paris. Que’st-ce que vous voulez que les Allemands aillent foutre sur la ligne Maginot dans toutes ces casemates humides qui sentaient mauvais.

Les Allemands, ils ne sont pas partis à Moscou mais à Paris. Quand l’état major leur a dit, « Enfourchez vos chars, tous à Moscou », ils se sont dits « Bof, allez à Moches coups voir les grosses rousses », alors ils ont rétorqués « on n’a pas assez d’essence pour allez jusqu’à Moscou et puis les routes sont mauvaises », bref, ils faisaient de la résistance, marchaient à reculons.
Alors, l’état-major a dit : « Cap à l’ouest, tous à Grosse Paris voir Petite Françouze, pépites femmes de Pigalle. » Ils enfourchèrent illico leurs terribles engins, prirent l’autoroute pour allez plus vite puis disparurent.
Le char d’assaut (Dassault)  --  Le moulin rouge
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Ah les femmes, me direz-vous, elles tiennent à officialise leurs liaisons, façon de dire au monde entier (ou presque) « Voilà, je suis casée, on va d’abord se fiancer et faire les choses dans les règles. » (selon l’expression convenue)
D’abord, aller demander (toujours officiellement) la main de la supposée demoiselle à son père, un type tout autant motivé que vous et qui n’a à priori aucune raison de vous la refuser, surtout si vous vivez avec la donzelle en question depuis un certain temps.
mais au lieu de vous la faire classique, avec demande coincée et génuflexion, vous pouvez "innover" quelque peu.

D’où ce dialogue de la donzelle avec sa meilleure amie.
- Oh raconte-moi vite, alors ces fiançailles, comment ça s’est passé ?
- Ah m’en parle pas. Il a vraiment exagéré ! À peine avait-t-il obtenu ma main qu’il a un peu tiré dessus, comme ça mine de rien, pour que je m’approche de lui. Une petite pression supplémentaire et le métacarpe y est passé, puis
et, ô tu n’imagines pas, tout a suivi, il ne s’est pas contenté de ma main, il a continué à tirer doucement et l’épaule est venue et il a tout pris le prédateur… tout en me disant que de toute façon, il avait l’aval de mon père… puisque c’est lui qui lui avait donné ma main.
Ah, quelle histoire !
- Ben voilà, au moins c’est fait, lui dit sa copine. De toute façon il n’est plus temps maintenant… quand le vin est tiré, il faut le boire !
Et sa copine lui fit un clin d’œil : « Alors, tchin, tchin et à notre santé ! 
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Au commissariat de police                (34)
Savez-vous, il faut de tout pour faire un monde. Cette fable moderne en est la parfaite illustration. Tenez, l’autre jour, dans un commissariat un policier reçoit des plaignants.
Un couple se présente.
Le policier : Que puis-je faire pour vous ?
- Ben, mon mari, y veut pas me battre.
- Comment ça, pourquoi voudriez-vous qu’il vous batte ?
- Parce que je suis MASO.
- Vous vous appelez Mado ?
- Non, non, c’est bien MASO qu’on m’appelle.
Le policier, légèrement excédé s’adresse au mari.
- Et vous, vous refusez de battre votre femme si j’ai bien compris.
- Affirmatif monsieur le policier.
- Et pourquoi diable refusez-vous de rosse madame ici présente, qui apparemment est parfaitement consentante ?
-Oh, ça lui ferait bien trop plaisir !
Un type qui les accompagne s’adresse au policier.
- Je confirme monsieur le policier, ils s’appellent bien Sado-Maso. On ne choisit pas son nom.
- Et, vous, qui êtes-vous donc, râle le policier de plus en plus énervé.
- Moi, monsieur le policier, on m’appelle "Deux en un"
- Quoi, éructe le policier interloqué. Et pour quelle raison, s’il vous plaît ?
- Sauf votre respect, parce que je suis sado par devant et maso par derrière !
- Oui, oui, assure le couple, y’a pas de problème. D’ailleurs, on va rentrer ensemble.

À bout, le policier avise le type derrière eux.
- Et vous, vous êtes avec eux ?
- Pas du tout monsieur le policier.
- Et vous, cher monsieur, on vous appelle comment ?
- Ah, monsieur le policier, moi, c’est  "Jamais deux sans trois" !
Alors le policier hors de lui, les apostrophe sans façon :
- Fichez-moi tous le camp, allez oust dehors, vous ne voudriez pas que je vous donne mes menottes pour vos petits jeux par hasard !
Et tous en chœur :
- Oh comme c’est gentil, monsieur le policier, on s’osait pas vous le demander mais puisque c’est vous qui proposez…
 
        
 
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<< Ch. Broussas, Pts dialogues 2 -  06/03/2020 © • cjb • © >>
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Le chant du coq

Quand ils se trouvent tous en lice,      
La crête en l’air, pleins de malice,
L’ergot si fier, de pères en fils
Tous les coqs s’appellent Maurice.

Par tous les dieux de Saint-Sulpice,
Bien sûr nous sommes tous complices,
Ne prévenez pas la police,
Tous les coqs s’appellent Maurice.

Et du lever jusqu’au coucher,
En écho, du haut du clocher
Chantons tous sur un air de rock :
« Surtout, touchez pas à mon coq. »

   
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<< Ch. Broussas, Coq maurice 06/03/2020 © • cjb • © >>

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Le pangolin et la chauve-souris

La fable du pangolin et de la chauve-souris




C’est l’histoire d’un petit virus
Sautant comme une petite puce
Petit virus sautant, bip, bip, bip,
Et qui un beau jour nous prit en grippe.

Et qu’il saute sur un pangolin
Qui n’était vraiment pas très malin
Et puis à son tour sauter se fit
Par une grosse chauve-souris,
En suçant tout son sang sans vergogne,
La prenant vraiment pour une conne.

Puis à son tour, il fondit sur
Un chinois, fort innocent pour sûr,
Preuve qu’on était dans le caca,
Un pauvre chinois passant par là
En faisant une drôle de bouille, 
Étant pratiquement mort de trouille.

Puis cette toute petite bête
Essaima sur toute la planète,
Prônant la mondialisation,
Entra tant et tant en action
Que tous furent illico infectés
Et de ce fait finirent alités.

Car il en sera toujours ainsi
Je l’affirme mes très chers amis,
À se faire sauter sans précaution
Ainsi comme de sacrés couillons,
On aura tous la même maladie.
Et voilà, maintenant tout est dit,

On sera alors vraiment des frères
Pour l’éternité sur notre terre.
Sans gêne.

Amen.

   
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<< Ch. Broussas, Virus 05/03/2020 © • cjb • © >>

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La balade du repenti




Oh, il y a bien des temps et des temps…
comment dire, il y a si longtemps
Les ennuis m’avaient alors assailli
Constamment, me harcelant sans répit,
C’est vrai, je n’avais jamais eu de pot,

Et j’étais si mal, au bout du rouleau,
L’espoir peu à peu m’avait déserté,
Mes amis peinaient à me dérider,

S’occupant de moi, sans se départirDe leur légendaire bonne humeur,
De leur tendre chaleur et leur grand cœur.
Trouvant des idées pour me divertir,
Ils blaguaient en me tirant par la manche,
Et venaient me voir même le dimanche :
« Viens avec nous, allons nous amuser,
Viens donc, il faut savoir oublier ! »

On s’est bien amusé, on a dansé,
Dansé, chanté et encore chanté
Jusqu’au matin, jusqu’au bout de la nuit,
Dans des aurores froides aux teints blafards
Me renvoyant parfois à mon cafard,
Quand l’aube pointe et le spleen nous suit,
Sur des musiques qui nous plongeaient dans
Une illusion, un ailleurs hors du temps.


Mais tous mes amis se sont dispersés
Et ma vie de chien a continué ;
Nous nous sommes alors perdus de vue,
les problèmes en vagues sont revenus.
La fête passée, tout fut comme avant,

Gommé, comme après un grand coup de vent,
De nouveau, les cauchemars m’ont hanté,
Mes vieux démons m’ont vite rattrapé,
Tout s’est défait dans les matins grisailles,
Les dédales de la ville muraille.
Que vous dire de plus, tant de tracas…
C’est souvent ainsi quand ça ne va pas.


Et puis un jour loin de ces matins gris,
Loin du fracas des fêtes, j’ai compris :
Il faut bien savoir quitter la place
Et regarder la vérité en face,
Savoir s’en aller et changer de monde
Avant que les regrets ne vous inondent.
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Alors, je suis parti, loin, le plus loin possible,
Le cœur si gros mais qui se voulait impassible,
Sans personne pour me guider sur le chemin,
Sans personne pour partager un bout de pain,
Peut-être ce destin l’ai-je voulu ainsi,
Peut-être bien que c’est lui qui m’a choisi.
Maintenant, le temps a passé sur mes folies,
Même si j’ai cru accepter, prendre le pli
Sans vraiment choisir, sans que je l’eusse voulu,
Mais aucune raison, rien n’a jamais pu
Me rassurer, me mettre assez de baume au cœur
Pour une fois seulement me rendre plus fort.
Aussi, un jour, je suis revenu au village
Bien longtemps après, au mitan de mon âge,
Oh, Sans pour autant être devenu plus sage

Après ce long détour retrouver mes rivages
Comme l’enfant prodigue, le fils repenti,
Voir ailleurs si c’est mieux, chercher mon paradis
Sans me retourner, après que je sois parti
Tout en ressentant un jour le mal du pays,

Avec dans mon for intérieur le pressentiment
Que ce n’est pas vraiment la fin de mes tourments,
Que tous ceux qui m’avaient connus, un peu aimés
J’espère, comme les meilleurs de mes amis,
M’avaient rayé de leur vie puis vite oublié,
Définitivement sorti de leur esprit,
S’apprêtaient à me tourner le dos désormais,
Et sans aucun remords, me renier à jamais.

Depuis mon départ, rien n’avait vraiment changé
Dans toutes les rues qui structurent mon quartier
Quels que fussent alors mes lointains souvenirs,
Quelque chose de difficile à définir,
Une nouvelle boutique en haut de la place,
Mais de mon immeuble, ne restait nulle trace.
Beaucoup de gens, plutôt indifférents, vaquaient
À leurs occupations, allaient et venaient…
Je n’y avais plus maintenant aucun parent,
J’étais vraiment devenu comme transparent.

Le fichu quartier ouvrier de mon enfance
Me revenait dans ses couleurs et ses fragrances
Et à le parcourir, me venait une gène
Tellement l’idée de retour me semblait vaine,


Les souvenirs, le présent, tout se mélangeait
Alors allègrement dans mon esprit, brouillait
Les quelques convictions que je m’étais forgées
Petit à petit tout au long de ces années.

Hésitant, je me sentais si peu sûr de moi
Et vraiment convaincu d’avoir raté ma voie,
Comme traversé sans transition par le doute 
D’avoir parcouru en vain toute cette route.
En moi s’instillait cette idée de l’inutile
À sillonner en tous sens les rues de la ville,
Avec l’arrière goût d’un "déjà vécu",
De cette existence dont je m’étais exclu
Où se superposaient en moi des tas d’images 
qui me rendaient étranger à ce paysage.
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« Bah, me disais-je parfois, la vie continue,
Allons marcher sans complexe vers l’inconnu,
L’avenir n’est qu’une espèce de jeu en somme,
Une partie de hasard qu’il faut vivre comme
Si un miracle pouvait alors se produire
Et redonner l’espoir en évitant le pire.
 
Je baignais dans ces sentiments contradictoires
Naviguant ainsi entre espoirs et idées noires,
Certains jours où simplement tout allait bien
Ou parfois le lendemain, sombre et sans entrain,
Incertain et balançant entre ces extrêmes,
Devenu pour un temps étranger à moi-même.
Un jour, face au bistrot de la place du Pont,
Je me promenais sans but, en tournant en rond,
Lorsque j’ai croisé un type plutôt sympa
Mais qui de moi ne faisait vraiment aucun cas,
Dont le visage anguleux ne me disait rien,
Un journal sous le bras, sortant d’un magasin.
Fronçant les sourcils, il s’est soudain retourné,
A un peu hésité, semblant se raviser,
Me fixant comme s’il voyait un revenant,
Comme s’il semblait vouloir remonter le temps
Puis très rapidement ses lèvres ont esquissé
Un sourire et son visage s’est éclairé.

« Oh, quel heureux hasard, que fais-tu par ici,
Tu es parti sans plus donner signe de vie
Ça fait maintenant si longtemps qu’on ne t’a vu,
Rien, plus de nouvelles, on te croyait disparu
Personne ne savait où tu étais passé,
Où tu étais parti par un beau soir d’été.
Même tes voisins et tes copains de la bande
Ne savaient plus que répondre à nos demandes. »
Je ne savais que dire après cette tirade,
Que de soucis causés à tous mes camarades…
« Hum, bafouillais-je, un peu gêné, oui, bien sûr, »
Tu sais, ma vie n’était pas une sinécure,
Oh, à cette époque, j’en avais vraiment marre
Et je n’avais qu’un désir : larguer les amarres. »
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« Sur le moment bien sûr, on n’a pas compris,
Répondit-il, me parlant comme un ami,
On s’était dit alors que tu allais bientôt
Revenir, que, pour s’inquiéter, c’était trop tôt,
Qu’en fait, pour dire vrai, c’était ta volonté
Qu’on ne pouvait aller contre ta liberté. »

J’étais gêné, sans vraiment d’explication
Acceptable sur mon soudain départ, sinon
Que des personnes disparaissent un beau matin
Allez savoir pourquoi, du jour au lendemain,
« Et te revoilà après toutes ces années,
Pour me rappeler ma jeunesse et le passé !

Oh lui dis-je, notre jeunesse, elle est si loin,
Elle s’est peu à peu échappée de nos mains,
On enjolive, on bricole des souvenirs,
On se fait souvent des idées pour embellir, 
On joue même les fils prodigues à l’occasion
Quand un jour la vie ressemble à une prison. »

« Tu as dû être surpris, tout a bien changé
Par ici depuis ton départ, dans le quartier.
L’immeuble que tu habitais est démoli,
La vie telle qu’on l’a connue, c’est bien finie. »
Oh oui, il avait bien raison mon ami Jean,
Tout avait changé, rien n’était plus comme avant.
D’ailleurs, moi aussi sans doute j’avais changé,
Je le voyais clairement dans les yeux des autres,
j’avais connu bien d’autres choses, voyagé
Dans des autos puantes et dans d’infâmes cotres,
Finalement, pourquoi tout serait-il figé
Pour toute une vie dans un horizon bouché ?
« Ouais… Y’a pas vraiment de quoi faire les fiers.
« Allez, viens donc avec moi boire un verre, »
Proposa-t-il, avec beaucoup d’aménité,
En me voyant ainsi perdu dans mes pensées. »
Je ne savais quoi lui dire et il me sourit
Comme pour me dire qu’il était mon ami.
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« Aujourd’hui, je ne suis pas tellement pressé
Tu dois avoir bien des choses à me raconter,
Tu ne peux savoir mon plaisir de te revoir
Car c’est bien toi, je n’arrive pas à le croire.
C’est sûr, tous les autres vont en faire une tête
Quand ils sauront, ils vont vraiment se trouver bêtes ! »

J’étais à la fois un peu gêné, si heureux
Et sans voix devant son accueil si chaleureux,
Ça m’a fait tellement de bien de constater
Cette bienveillance qu’il m’avait témoignée,
Qu’il me considérât et qu’il me reconnût
Simplement comme celui que jadis je fus,
Me traitant sans façon et en toute amitié 
Comme si j’étais resté un gars du quartier.
Puis un autre est arrivé qu’il m’a présenté,
Et qui lui aussi sans façon m’a salué
Comme si entre nous c’était toujours pareil,
Comme si on s’était tous deux quitté la veille,
Qui m’a serré la main sans être en rien gêné,
M’a demandé des nouvelles de ma santé,
Disant « Quelle surprise, j’en suis tout ému,
Vraiment, te revoir chez nous, on n'y comptait plus. »

Tout ému, sur le coup de midi, en rentrant 
Je me suis arrêté un moment sur un banc,
Je me suis dit simplement, la main sur le cœur 
Que c’était vraiment super, qu'il restait encore
Par ici du monde et du beau monde sur terre,
Revoyant nettement l’image de mon père
Et j'ai pleuré, comme saisi par le remords,
Sans retenue toutes les larmes de mon corps.


        
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<< Ch. Broussas, Repenti 12/02/2020 (204) © • cjb • © >>
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REMORDS II



« Comme le souvenir est voisin du remords ! »

Victor Hugo


Autant de pages à arracher
Pour oublier, n’y plus penser
Puisqu’il faut vivre, malgré tout
Et continuer jusqu’au bout.
Une maison possède une âme 
Et c’est bien là tout mon drame.


Objets inanimés, vous me manquez, manquez…
Pas simplement pour posséder,
Pour ce que vous représentez,
Des moments rares à conserver
Quand alors je revois la scène
Et que je mesure toute ma peine, peine.

Épanche-toi donc, cœur de pierre
Pas de quoi faire le fier,
Parfois une larme m’échappe
Ainsi, sans que je la rattrape,
Coule, coule perfide larme,
J’ai enfin épuisé ton charme,
Le temps va bien te sécher,
Tout sera alors terminé.


C’était naguère ou bien peut-être avant-hier,
Je revois encore mon père
Rêvant, assis sur le banc vert
Qu’il remisait pendant l’hiver,
Ah, réminiscences  éphémères,
C’était naguère ou simplement avant-hier.

Pourquoi être attachés aux choses
Malgré le chagrin qu’elles nous causent
En sachant, le cœur déchiré,
Qu’il faudra bien s’en séparer,
Gommer ce qu’elles nous rappellent,
Et tous les regrets qu’elles entraînent ?


Oui simplement, je le revois mon père, père,
Concentré, prenant ses repères,
Redressant les murs patiemment,
Gâchant, Maçonnant, crépissant,
Préservant sa part de mystère,
Oh, je le revois encore mon père, père.

De cette maison tant aimée,
De ces murs qui m’ont protégé,
Je m’en croyais propriétaire,
Je n’étais que dépositaire,
Sans savoir veiller au grain,
Je n’ai pu passer le témoin.

 
Ainsi, maintenant tout est joué, bien joué,
J’ai signé, les dés sont jetés,
On croit choisir en êtres libres,
Rester maîtres de ses désirs
Mais non, la vie choisit pour nous
Toujours, envers et contre tout,
J’ai cédé, j’ai donné les clés,
Ainsi, maintenant tout est joué, bien joué.

« Et le ver rongera ta peau comme un remords.»
Charles Baudelaire, "Remords posthume"

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