<<<<<<<<<<<<<<<<<<< France-Israël : l'Affaire des vedettes >>>>>>>>>>>>>>>>
Les vedettes à Haïfa |
Quelques dates clés |
- 05
1965 : lancement de la construction
- 06
1967 : embargo français sur les armes
- 01 1969 : embargo total sur les armes à destination d’Israël
- 12
1969 : les vedettes « s’évadent » de Cherbourg
|
La guerre des six jours en juin 1967 va compliquer les choses, quand l'armée israélienne écrase les forces arabes coalisées .
A l'issue du conflit, le général de Gaule décidera un embargo sur les armes à destination du Proche-Orient, mais uniquement pour les armes dites offensives.
Le mistigri des vedettes
- Acte I :
Les soviétiques livrent aux égyptiens des vedettes anti-missiles, ce qui
déséquilibre les fores maritimes au Proche-Orient.
- Acte II : Accord secret israélo-allemand pour la construction de vedettes de guerre à Bonn en mars 1963.
- Acte III : Avant que le chantier ne démarre à Brême, le secret est éventé, obligeant les Allemands à renoncer.
- Acte IV : Les Français contactés par les Israéliens acceptent de reprendre le chantier.
- Acte V : Les constructions mécaniques de Normandie (CMN) lancent la fabrication de 12 vedettes de guerre.
- Acte II : Accord secret israélo-allemand pour la construction de vedettes de guerre à Bonn en mars 1963.
- Acte III : Avant que le chantier ne démarre à Brême, le secret est éventé, obligeant les Allemands à renoncer.
- Acte IV : Les Français contactés par les Israéliens acceptent de reprendre le chantier.
- Acte V : Les constructions mécaniques de Normandie (CMN) lancent la fabrication de 12 vedettes de guerre.
Mais le feuilleton n’est pas terminé et les événements vont de nouveau rebondir. Cette fois, c’est le titre du journal Combat du 30 décembre 1969 qui donne le ton : « Les vedettes : Paris cherche une issue honorable » et cherche en fait une improbable juste mesure pour apaiser le camp arabe sans se brouiller avec les Israéliens.
Le périple des vedettes
Partie de cache-cache politique
Suite à la guerre
des Six Jours, le général de
Gaule interdit l’exportation des 50 mirages V commandés par Israël en 1966.
Mais on finit par trouver la parade comme l’a révélé Alexandre Sanguinetti, alors président de la commission de la
Défense à l’Assemblée Nationale, avec son franc-parler habituel : « Je puis vous assurer que la somme des
pièces détachées livrées à Israël lui permettait de reconstituer intégralement
ses Mirages. » Ainsi, la main droite peut ignorer ce que fait la
droite… et inversement.
Pour le
moment Israël se préoccupe surtout
de récupérer ses 5 vedettes immobilisées à
Cherbourg et bientôt opérationnelles. Mais ils commettre une erreur
politique en utilisant des hélicoptères sous embargo dans une opération militaire
au Liban. Grosse bourde vite
sanctionnée par le général de Gaule qui décrète un embargo général sur les
livraisons d’armes à Israël. En
attendant, son souci immédiat est de récupérer l’Acco, vedette en phase d’essais et prête à être livrée mais
immobilisée par l’embargo. Par un hasard dont seuls les politiques ont le
secret, l’ordre présidentiel s’égard dans les arcanes de la douane de Cherbourg…
assez longtemps pour permettre à l’Acco
de prendre le large.Fureur
réelle ou simulée des autorités françaises.
L’odyssée des cinq vedettes
L’odyssée des cinq vedettes
Reste les 5
vedettes répondant aux beaux noms de Soufa, Gaash, Herev,
Hanit
et Hetz,
qui sont désormais quasiment prêtes… mais toujours sous embargo… et qui font
saliver les responsables israéliens. L’amiral Limon met au point, avec le
gratin des services de renseignement, Aman,
Mossad et Lekem, un plan alambiqué où une société écran norvégienne
immatriculée au Panama est censée acquérir les cinq vedettes pour les utiliser
dans… la prospection pétrolière, les navires devant être convoyés en Norvège par leurs équipages israéliens.
Ce qui n’a nullement perturbé les autorités françaises… d’autant moins que les
fameuses vedettes viennent juste d’être payées rubis sur l’ongle.
L'une des vedettes de Cherbourg
L'une des vedettes de Cherbourg
L’opération Arche de Noé
En fait de Norvège, après avoir fait chauffer et
pétarader pendant deux heures les moteurs des vedettes dans le port de Cherbourg sans perturber les agapes du
Réveillon de Noël, le convoi prend la
poudre d’escampette en direction du port de Haïfa, sa destination finale, en passant par l’Atlantique puis la
Méditerranée en se faufilant dans le détroit de Gibraltar. Périple
hasardeux pour des bâtiments encore non armés.
Quelques repères
|
-
« par erreur, l’ordre d’embargo s’égare sur un bureau
- Le 25 décembre à 2h 30, les vedettes larguent les amarres
-
Trois jours plus tard, Paris annonce la vente de 110 avions « Mirage »
à la Libye.
|
Les
préparatifs de départ, le carburant qu’il faut stocker pour le voyage, la
quarantaine de marins israéliens débarquant par vagues à Cherbourg via l’aéroport d’Orly,
toute cette logistique n’éveille nullement l’attention des autorités et des
services spéciaux.
Le 2
décembre en début d’après-midi, un douanier délivre même aux marins israéliens
le certificat de contrôle censé être remis aux Norvégiens. La sortie en haute mer se fait sans encombres par un
chenal non surveillé en cette nuit de fête.
Sensées naviguer
vers la Norvège, les cinq vedettes au lieu de mettre le cap vers le nord,
sortent de la Manche où elles sont
repérées par des avions français de reconnaissance, longent les côtes
portugaises, entrent dans la Méditerranée
par Gibraltar et, après un second
ravitaillement, remontent un peu vers Chypre pour éviter, autant que faire se
peut, les côtes égyptiennes pour arriver à Haïfa le 31 décembre.
Désarroi et
gros émoi bien sûr dans le landerneau français où l’amiral Limon qui s’empresse de regagner son pays, est déclaré « persona non grata ».
Apparemment, aucun des agents du contre-espionnage français –pourtant très
nombreux à Cherbourg à la même époque
pour le lancement du « Terrible »-
n’a eu vent du projet et de préparatifs pourtant importants qui pouvaient
difficilement passés inaperçus.
L'amiral Limon (à droite)
L'amiral Limon (à droite)
Les services
d’écoute français –dits « les grandes oreilles »- avaient
pourtant noté une forte recrudescence des appels chiffrés entre les israéliens
sur les vedettes et Israël. Les
rapports des Renseignements Généraux
se recoupent et ils alertent les autorités politiques des risques de fuite
des vedettes. Silence radio des politiques. De même, le repérage des vedettes
par la Marine Nationale n’a donné lieu à aucune tentative d’interception.
A Haïfa, le
jour où la flottille s’ancre dans le port, c’est la liesse, une belle mise en
scène offerte au bon peuple israélien qui exulte, à grands renforts d’interviews
et de déclarations repris par des médias qui depuis une semaine suivent minute
par minute les pérégrinations victorieuses de la flottille.
Le rideau va
tomber sur cette farce où les meilleurs acteurs étaient des amateurs quand on
apprendra que, trois jours plus tard, la France avait signé un accord de ventes
d’armes avec plusieurs pays arabes, dont 110 « Mirage » pour la
Lybie. Contrat mirifique qui permet aussi à la France de se replacer sur le
terrain du proche-Orient et qui vaut bien d’avaler quelques couleuvres.
Beau final
en forme d’anti morale pour un scénario manifestement cousu de fil blanc et une mise en scène à la Machiavel où la «
realpolitik, » la gestion d’intérêts bien compris, ne sont qu’un avatar de
la géopolitique.
* Voir aussi le livre de Jean Fenwick, "Les vedettes de Cherbourg", éditions Elsevier Sequoia, 261 pages, 1976
* Voir aussi le livre de Jean Fenwick, "Les vedettes de Cherbourg", éditions Elsevier Sequoia, 261 pages, 1976
<<< Ch. Broussas • • °° • Vedettes Cherbourg • °° © CJB °° • • version 03/2014 >>>
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