<<<<<<<< Georges Poulot dit Georges Perros (1923-1978) >>>>>>>>
« Qu’a donc écrit Georges Perros »
demande-t-on parfois ? Il est vrai que la poésie [1] n’est plus guère dans l’air
du temps et que sa prose est faite de « Papiers
collés », du nom de son recueil de réflexions griffonnés
sur des bouts de papier [2] ou de Télénotes, ensemble
de critiques littéraires et télévisuelles. [3]
Ce parisien va tomber amoureux de la Bretagne et partir s’installer
avec femme, enfants et leur maigre bagage à Douarnenez à partir de 1959,
saisi par « l’éblouissement provoqué par la mer. » Paris
le fatigue, la routine de son métier de comédien à la Comédie-Française, son travail
de lecteur pour Jean Vilar, même si, écrit-il, « aimer lire est une passion, un espoir de
vivre davantage, autrement, mais davantage que prévu ».
Perros, l'homme à la moto (offerte par Jeanne Moreau)
Il connaît bien ce coin de Bretagne où il séjourne souvent depuis
plusieurs années, ce port du Finistère à l’entrée du cap
Sizun, à portée de la pointe du Raz. Ici,
il est un anonyme, monsieur Georges Poulot de son vrai nom, qui grimpe
dans une mansarde au hasard des locations pour s’adonner à ses péchés favoris :
lire et écrire. Il écrira dans ses "Papiers collés", que « La solitude tenue n'est ni un exploit, ni un retrait. C'est un
plaisir, comme l'incognito. Rien ne prouve que le plaisir soit un
phénomène heureux. »
Le quotidien est difficile, surtout pour sa famille, sa femme Tania
et leurs trois enfants. [4] Ils déménageront plusieurs fois, d’abord dans une
maison de garde Touldriz, « le
trou de ronces », dont il dit, « Je suis installé en pleine brousse dans une
petite bicoque. Deux pièces, dont une mansarde assez proche de celle de Meudon », mais
avec vue imprenable, « là-bas,
prise dans un coin du regard, la mer ».
La maison de Georges Perros
Puis ce sera la vie en immeuble,
rue Emile Zola, la HLM de la cité Richepin
en 1964, enfin une petite maison de pêcheur à l’écart de la ville, située sur le
site naturel des Plomarc’h, au-dessus de la mer, encore une vue
imprenable.
Il racontera sa fin tragique, son expérience du cancer du larynx qui le
priva de sa voix et allait l’emporter deux ans plus tard, dans une œuvre témoignage
qu’il intitula « L’Ardoise magique ».
Citations et commentaires
- « Peut-être que le poème et le fragment de langage le plus utile à l'homme qui veut changer le monde... Etre des hommes avec les hommes. Parler ». Entretien avec Perros, 1975
- « J'ai très souvent l'impression de ne pas écrire en mon nom, de n'être là que par hasard ». Une vie ordinaire
- « Vivre, c'est enregistrer. Ce qu'on appelle l'inspiration, ce ne sont que les moments privilégiés où la cire humaine trouve aiguille adéquate ». Papiers collés 1
- « Ecrire, c'est renoncer au monde en implorant le monde de ne pas renoncer à nous ». Papiers collés 1
Notes et références
[1] Il a écrit à ce propos : « La poésie, pour moi, c'est le temps durant lequel un homme oublie qu'il va mourir. »
[2] Ses réflexions sont mêlées à des études sur la littérature, centrée sur des
écrivains comme Kafka, Rimbaud, Hölderlin ou Kierkegaard, s’interrogeant sur l’existence
quotidienne.
[3] « Il écrira dans Papiers collés, Moi, à force d'écrire des fragments, j'ai dû en devenir un. »
[4] À Douarnenez il vit avec Tania son amie russe qu'il épouse en 1963, et leurs trois enfants Frédéric, Jean-Marie et
Catherine.
<<< • • Christian Broussas • Georges Perros • °° © CJB °° • • 03/2014 >>>
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