samedi 21 mars 2020

Petits dialogues 2

Le grain de beauté    (46)

-Oh, cher madame, je crois qu’on se connaît, que je vous ai déjà vu quelque part, dis-je à cette charmante personne que je croise.
Entrée en matière on ne peut plus classique mais difficile d’être à tout coup original. La dame, gênée, outrée, intéressée, allez savoir, joue les ingénues, genre :
- Mais monsieur, je ne vous permets pas…
À entame classique, réponse classique. S’il fallait attendre de permettre pour qu’on se permette… mais passons, de toute façon, la réponse n’a guère d’importance.
 - je me permets d’insister parce qu’on n’oublie pas une aussi jolie femme que vous.
Là, j’ai marqué un point. « Jolie femme », elle note ça pour son journal intime ou les jours de déprime.
Qu’est-ce qu’elle ne va pas pouvoir raconter à ses copines : »Ah, figure-toi que…. »
- Ah, mais si, j’y suis, enchaînai-je, quelle que soit sa réponse, je vous reconnais maintenant. C’est bien vous qui avez un si joli grain de beauté sur la fesse gauche.
Succès garanti.
Aussitôt, regard noir même si elle a les yeux bleus, elle monte sur ses grands chevaux avec réplique sur le même registre.
- Mais, Je ne vous permets pas, devrait-elle répondre, indignée.
Notez la réponse stéréotypée qui n’est là que pour sauver les apparences. Si elle fait mine de s’éloigner, ce n’est qu’un artifice qui fait partie du jeu. Donc pas de panique, il est facile de la retenir.
- Je vous assure, continuai-je, je suis fort bien placé pour avoir une vue panoramique sur cette partie de votre anatomie.
Et sans lui laisser le temps de répliquer.
- Prenons un exemple : Je me place derrière vous et j’ai immédiatement une vision à 180 degré en gros plan rappelant un tableau d’Ingres où on voit une jeune femme dans la même position avantageuse, tentant de se retourner pour aller voir derrière se qui se passe. Il est vrai qu’on peut préférer le tableau de Courbet qui est plus intéressant, je vous l’accorde, avec une vue panoramique dans l’autre sens, mais ne grillons pas les étapes.
Dieu a bien eu raison de ne pas doter les femmes d’un troisième œil derrière la tête. Sûr que pour se coiffer, ça n’aurait pas été facile mais ça aurait enlevé beaucoup aux relations entre hommes et femmes.
Bref, en l’état actuel des choses et de l’anatomie féminine, il faut bien que les hommes contrôlent le port arrière de ces dames, examinent si rien ne cloche, que tout est en ordre et prêt pour une petite balade.
De toute façon, la dame, philosophe, ne peut que constater qu’elle ne peut empêcher quiconque de mater son corps même qu’on ne peut toucher qu’avec son consentement même tacite.
Elle peut même tenter d’avoir le dernier mot avec une phrase passe-partout en disant :  « - Ah mais… Avez-vous bientôt fini à la fin ?
Et vous de rajouter :
- La fin chez madame. Vous n’y penser pas. C’est impossible. Reprenez votre fiche technique, vous verrez qu’il y est bien indiqué : PRÉLIMINAIRES. Comment voudriez-vous que j’arrête aux préliminaires, ça ne ferait pas sérieux. Et je suis un homme sérieux, moi madame ! D’ailleurs, j’ai la fiche technique officielle, oui avec l’extension .gouv, estampillée du ministère de la santé. Alors, pas de problème, vous pouvez avoir confiance.
Si elle sourit, c’est gagné !
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L’œil de Caïn        
(23)
C’est comme quand un homme fait le poireau sur le trottoir ou à la terrasse d’un bistrot en attendant que sa femme "fasse ses emplettes", en fait s’adonne au vice du lèche-vitrines et du shopping.


Pendant ce temps, il regarde nonchalamment tout ce qui entre dans son champ de vision pour se passer le temps. Un homme normal qui ne louche pas (s’il louche c’est pour d’autres raisons) et qui n’est affligé d’un strabisme divergent qui ouvre vraiment trop son champ de vision, a une vision de quelque… disons 120 degrés. Il balaie peinard tout ce qui passe à leur portée, l’esprit en sommeil, le cerveau sur la touche pause, pessimiste sur le proche retour de son épouse.

Parfois, le regard accroche un point de vue intéressé, ça fait partie des avantages du shopping, et immédiatement, le balayage s’arrête et le cerveau passe du mode automatique au mode arrêt sur image. Et la pupille zoome sur l’objet en question pour afficher en grand l’image qui s’affiche sur votre rétine.
Ah, parfois ça vaut la peine de poireauter une heure sur le trottoir !
Et bien entendu, c’est le moment précis que choisit votre femme pour réapparaître et vous coller dans les bras les fruits de ses pérégrinations.
« Ah dit-elle j’ai cru que je ne m’en sortirais jamais ! » Et immédiatement : « Mais qu’est-ce que tu regardes. Oh mon dieu, le cul de cette grosse pétasse qui essaie de faire passer son 42 pour un 38, que ça la boudine de partout ! » Son cas est plié ; le jugement est sans appel. Grosse, grosse, ça peut se discuter… Mais de toute façon, la discussion n’est pas ouverte. Elle vous attrape par vos abattis pour vous emmener loin de cette croqueuse d’hommes qui allait se jeter sur vous comme un vol de criquets dans un champ de blé.
Alors, en une nanoseconde, vous repassez direct en mode automatique.
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On peut aussi transposer dans une situation plus intime.
 [Où est-il exactement ce grain de beauté ?]
- Attends, mets ton doigt chérie, je vais te guider.
- Non, non, beaucoup trop haut, encore trop haut, non, beaucoup trop bas, trop bas chérie…
- Et bien trop tard chéri, je suis m’en vais, je suis déjà en retard !
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Les principes de Bruno (Mon corps est à moi)      (21)
Mon pote Bruno est un homme à principes, droit dans ses bottes diraient certains. L’autre jour, je lui mets le marché en mains, lui disant :
- Figure-toi, tu rencontres une dame qui profite d’un endroit tranquille pour se jeter sur toi en susurrant : « Oh, prends-moi, prends-moi, mon corps t’appartient, il est à toi.
(Ça arrive souvent, si, si, je vous assure, surtout à la campagne)
Qu’est-ce que tu fais ?
Tu lui dis : « Ah je vous en pris chère madame, cachez ce corps que je ne saurais voir, pas de tartuffinades entre nous. Votre corps vous appartient !
 Bruno, face à ce dilemme cornélien, est prêt à sortir son joker. Mais je ne lui en laisse pas le temps.
- Tu pourrais aussi lui rétorquer : « Oh bien sûr chère madame, votre corps est à vous mais si vous voulez, je peux mettre le mien à votre disposition. Je vous fais don de ma personne comme un certain maréchal en son temps a fait don de la sienne à la France.
- Et si elle te prend au mot, t’intimant de passer à l’acte, qu’est-ce tu fais ? Tu tergiverses par exemple en lui disant : « Mais bien sûr, selon le principe de précaution indispensable, je n’en puis disposer qu’avec circonspection, tact et mesure. »
Là, elle risque de devenir violente.
- Tu ne peux quand même pas lui répondre : « Oh, certes votre proposition est alléchante et mérite d’être prise en considération mais d’un point de vue juridique, vous restez propriétaire de votre corps et moi, toujours du même point de vue juridique, je n’en ai que la jouissance ! »
[Ajouter : 3 réponses : la prendre illico re résister 3 secondes
conclure avec l’histoire des 2 curés : l’expérience (dans les dents la robe)]
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Ah les femmes, me direz-vous…
Ah les femmes, me direz-vous… Tenez prenez les deux dernières grandes guerres.
En 14-18, si on avait mis des régiments de femmes dans les tranchées, sûrement que les Allemands auraient appréciés.
Voyez ça d’ici, les « petites franssouzes » appelant les soldats allemands dans une tenus règlementaire mais affriolante, leur disant : A l‘attaque,  les premiers arrivés seront les premiers servis !
C’est comme en 1940 : Ce n’était pas sur la ligne Maginot qu’il fallait attendre les Allemands, c’est à Paris. Que’st-ce que vous voulez que les Allemands aillent foutre sur la ligne Maginot dans toutes ces casemates humides qui sentaient mauvais.

Les Allemands, ils ne sont pas partis à Moscou mais à Paris. Quand l’état major leur a dit, « Enfourchez vos chars, tous à Moscou », ils se sont dits « Bof, allez à Moches coups voir les grosses rousses », alors ils ont rétorqués « on n’a pas assez d’essence pour allez jusqu’à Moscou et puis les routes sont mauvaises », bref, ils faisaient de la résistance, marchaient à reculons.
Alors, l’état-major a dit : « Cap à l’ouest, tous à Grosse Paris voir Petite Françouze, pépites femmes de Pigalle. » Ils enfourchèrent illico leurs terribles engins, prirent l’autoroute pour allez plus vite puis disparurent.
Le char d’assaut (Dassault)  --  Le moulin rouge
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Ah les femmes, me direz-vous, elles tiennent à officialise leurs liaisons, façon de dire au monde entier (ou presque) « Voilà, je suis casée, on va d’abord se fiancer et faire les choses dans les règles. » (selon l’expression convenue)
D’abord, aller demander (toujours officiellement) la main de la supposée demoiselle à son père, un type tout autant motivé que vous et qui n’a à priori aucune raison de vous la refuser, surtout si vous vivez avec la donzelle en question depuis un certain temps.
mais au lieu de vous la faire classique, avec demande coincée et génuflexion, vous pouvez "innover" quelque peu.

D’où ce dialogue de la donzelle avec sa meilleure amie.
- Oh raconte-moi vite, alors ces fiançailles, comment ça s’est passé ?
- Ah m’en parle pas. Il a vraiment exagéré ! À peine avait-t-il obtenu ma main qu’il a un peu tiré dessus, comme ça mine de rien, pour que je m’approche de lui. Une petite pression supplémentaire et le métacarpe y est passé, puis
et, ô tu n’imagines pas, tout a suivi, il ne s’est pas contenté de ma main, il a continué à tirer doucement et l’épaule est venue et il a tout pris le prédateur… tout en me disant que de toute façon, il avait l’aval de mon père… puisque c’est lui qui lui avait donné ma main.
Ah, quelle histoire !
- Ben voilà, au moins c’est fait, lui dit sa copine. De toute façon il n’est plus temps maintenant… quand le vin est tiré, il faut le boire !
Et sa copine lui fit un clin d’œil : « Alors, tchin, tchin et à notre santé ! 
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Au commissariat de police                (34)
Savez-vous, il faut de tout pour faire un monde. Cette fable moderne en est la parfaite illustration. Tenez, l’autre jour, dans un commissariat un policier reçoit des plaignants.
Un couple se présente.
Le policier : Que puis-je faire pour vous ?
- Ben, mon mari, y veut pas me battre.
- Comment ça, pourquoi voudriez-vous qu’il vous batte ?
- Parce que je suis MASO.
- Vous vous appelez Mado ?
- Non, non, c’est bien MASO qu’on m’appelle.
Le policier, légèrement excédé s’adresse au mari.
- Et vous, vous refusez de battre votre femme si j’ai bien compris.
- Affirmatif monsieur le policier.
- Et pourquoi diable refusez-vous de rosse madame ici présente, qui apparemment est parfaitement consentante ?
-Oh, ça lui ferait bien trop plaisir !
Un type qui les accompagne s’adresse au policier.
- Je confirme monsieur le policier, ils s’appellent bien Sado-Maso. On ne choisit pas son nom.
- Et, vous, qui êtes-vous donc, râle le policier de plus en plus énervé.
- Moi, monsieur le policier, on m’appelle "Deux en un"
- Quoi, éructe le policier interloqué. Et pour quelle raison, s’il vous plaît ?
- Sauf votre respect, parce que je suis sado par devant et maso par derrière !
- Oui, oui, assure le couple, y’a pas de problème. D’ailleurs, on va rentrer ensemble.

À bout, le policier avise le type derrière eux.
- Et vous, vous êtes avec eux ?
- Pas du tout monsieur le policier.
- Et vous, cher monsieur, on vous appelle comment ?
- Ah, monsieur le policier, moi, c’est  "Jamais deux sans trois" !
Alors le policier hors de lui, les apostrophe sans façon :
- Fichez-moi tous le camp, allez oust dehors, vous ne voudriez pas que je vous donne mes menottes pour vos petits jeux par hasard !
Et tous en chœur :
- Oh comme c’est gentil, monsieur le policier, on s’osait pas vous le demander mais puisque c’est vous qui proposez…
 
        
 
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<< Ch. Broussas, Pts dialogues 2 -  06/03/2020 © • cjb • © >>
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