mardi 10 novembre 2020

Lettre de Madame de Sévigné

     Madame de Sévigné                

           Lettre de Me de Sévigné à sa fille, Me de Grignan
       Le jeudi 30 Avril 1687

Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris !
>   Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s’abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec. Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements.

>  Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoit à nos repas qu'il nous fait livrer,
> Cela m’attriste, je me réjouissais d’aller assister aux prochaines représentations
> d’une comédie de Monsieur Corneille "Le Menteur", dont on dit le plus grand bien.

> Nous nous ennuyons un peu et je ne peux plus vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode.
> Heureusement, je vois discrètement ma chère amie, Marie-Madeleine de Lafayette, nous nous régalons avec les Fables de Monsieur de La Fontaine, dont celle, très à propos, "Les animaux malades de la peste" : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».
>
> Je vous envoie deux drôles de masques ; c’est la grand'mode. tout le monde en porte à Versailles. C’est un joli air de propreté, qui empêche de se contaminer,
>
>    Je vous embrasse, ma bonne, ainsi que Pauline. »


>

Madame de Sévigné et sa fille madame de Grignan 

> ... Belle lettre n'est-ce pas... mais trop belle pour être vraie. Et en vérité, c'est un pastiche ! Talentueux certes, mais avec quelques défauts.

Le pasticheur a commis quelques erreurs :
- Mazarin ne pouvait guère prendre des mesures en 1687 pour lutter contre l'épidémie puisqu'il est mort en 1661.
- Vatel quant à lui, censé pourvoir à ses repas, est décédé en 1671.
- Apparemment, aucune épidémie n'a eu lieu à Paris en 1687.
- La pièce de Pierre Corneille a été représentée en 1644 et n'a vraisemblablement pas connu de nouvelle représentation 43 ans plus tard.
- Il n'y a guère que la fable de La Fontaine qui colle avec la réalité puisqu'elle date de 1678.

Avec un peu plus de recherches historiques et quelques références plus appuyées, notre sacré pasticheur aurait bien pu nous bluffer !
A moins qu'il n'ait sciemment glissé quelques erreurs dans son texte. Le choix de la pièce de Corneille Le MENTEUR n'est certainement pas anodin et dû au hasard.

          
Les animaux victimes de la peste

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<< Christian Broussas • Me de Sévigné ? © CJB  ° 04/10/ 2020  >>
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