Marie-Noël et les Flottins - La légende de Noël
- Regardez, regardez les amis, un bateau dans le ciel. Un bateau qui vole, un vrai miracle !
- Oh, c’est vraiment très curieux, jamais je n’avais vu ça
- Mais non, mais non, regardez bien, ce n’est pas un bateau.
- Que veux-tu que ce soit ?
Marie-Noël,
intriguée, regardait elle aussi cette silhouette assez bizarre qui
traversait le ciel, en se demandant ce que ça pouvait bien être. Ce
soir, elle était bien décidée à s’amuser, à se déguiser en fée qui peut
transformer le monde avec sa baguette.
- Ah maman, tu as vu toutes ces belles vitrines que les commerçants ont
décorées… et ces lumignons qui illuminent les rues… et ces bateleurs
qui animent le centre ville. C’est vraiment magnifique, je n’avais
jamais rien vu de si beau.
Mais
le vent se leva soudain et l’engin se mit à perdre de l’altitude, à
piquer à grande vitesse vers les eaux sombres du lac. Les visiteurs, le
nez en l'air, regardaient sans comprendre l'errance de l'appareil dans
le ciel.
- Oh mon dieu, s'écria Marie-Noël, mais il tangue dangereusement. Pourvu qu’il ne s’abîme pas dans les eaux du lac, quel horreur !
Marie-Noël à la fête
C’était
un soir de fin novembre. Ce vaisseau qui fusait dans le ciel n’avait
rien d’un bateau. Il ressemblait curieusement au traîneau du Père Noël. Que diable venait-il faire par ici, au-dessus du lac Léman, que s'était-il passé pour qu'il soit dans une situation aussi délicate ?
En fait, le Père Noël
testait son dernier traîneau muni de super patins auto glissants avec
propulseurs. On n’arrête pas le progrès. Il avait encore un peu de mal
avec les nouvelles commandes. « Aïe, aïe, aïe, se
lamentait-il, j’ai encore dû actionner mes manettes du mauvais côté… On
pique du nez au lieu de remonter vers le ciel ! Je sens que ma dernière
heure a sonné.Oh mon dieu, qui va désormais pouvoir livrer les jouets à
tous les enfants qui les attendent avec tant d'espoir ! »
- Regardez, regardez les amis, l’engin tangue encore plus et va bientôt devoir amerrir, s'écraser dans les eaux profondes.
- Mais il va beaucoup trop vite...
- Que fait donc le navigateur ?
- Oh mon dieu, s’écria Marie-Noël, quel malheur !
Effectivement, quelques instants plus tard, devant les yeux horrifiés
de l’assistance, il toucha l’eau avec violence dans un fracas
épouvantable de ferraille et de bois brisé. Tout le monde resta figé,
incapable de réagir au drame qui venait de se nouer. Puis des cris
d’effroi jaillir de la gorge d'enfants et de femmes affolés. La fête
qu'on attendait depuis des semaines menaçait de se transformer en
catastrophe.
Tous à la fête !
Et
c’est là que le miracle se produisit. S’extrayant des eaux comme des
fusées, des lutins de tous acabits se ruèrent au secours des naufragés.
- Oh, les Flottins, ce sont les Flottins, cria-t-on dans la foule immobile.
Les Flottins
nagèrent si bien, bravant avec courage les eaux glacées, qu'ils
réussirent à extraire les naufragés du traîneau près de couler et à les
déposer sur les îles flottantes qu’ils avaient construites pour assurer
leur séjour hivernal sur le lac Léman.
La baguette magique de Marie-Noël
Ils se dévouèrent ensuite pour réchauffer des naufragés frigorifiés par leur plongeon dans les eaux glacées. Le Père Noël avait piètre allure dans son costume trempé, un bonnet qui lui tombait piteusement sur le front. Mais les soins vigoureux des Flottins firent leur effet et le Père Noël cessa de claquer des dents, retrouvant peu à peu son sourire... et ses couleurs.
Puis soudain, il se remémora les événements et devint de nouveau livide.
- Mon dieu, mon dieu, se lamentait le Père Noël
en lançant des regards désespérés autour de lui, où sont mes rennes,
que sont-elles devenues ? Où êtes- vous, mes chers et tendres ? Oh Rudolphe, qu'est-tu devenu... et vous Tornade, Furie... et vous Fringant, Tonnerre... je ne vous vois nulle part ! Auriez-vous péri dans les eaux du Léman ? Oh jamais je ne m'en remettrai !
Des Flottins musiciens
C'est
à ce moment qu'on entendit les brames de soulagement des rennes qui
accostaient péniblement sur l'une des îles flottantes. À la vue de ses rennes sains et saufs, le Père Noël faillit tourner de l’œil.
Soulagés par l’heureuse fin de cet incident, les badauds revinrent vers le centre ville pour continuer leur périple et goûter aux animations. Les Flottants sont aussi de facétieux lutins : quand les visiteurs investissent les rues, les curieuses constructions bâties les jours précédents s’animent de personnages inquiétants la nuit tombée, qui projettent leurs ombres menaçantes dans les rues et sur les places, des taches sombres mouvantes étendent leurs tentacules, suivent les visiteurs, les enveloppent de leurs écharpes ondoyantes et s’éloignent dès que les gens impressionnés, rient, s’enfuient ou lancent des cris d’effroi.
Ils
effrayent les passants en poussant de petits cris stridents et en
projetant de l’air froid à l’aide d’énormes soufflets. Ils se font
pardonner en lançant aux enfants -et aussi aux plus grands- des bonbons
et des chocolats puis se mettent à courir vers d’autres proies.
Marie-Noël aimait bien jouer à se faire peur.
- Oh la la, pouffait-elle, mimant les effrayées et sursautant quand un
lutin lui envoyait de grandes giclées froides qui la suffoquaient, « va-t-en vilain lutin » puis elle riait comme une folle en ramassant friandises qu’ils lui jetaient avant de disparaître.
Maintenant, il se faisait tard et sa mère commençait à trouver le temps long.
- Ah mais non maman, on ne va pas retourner maintenant chez nous ! On s'amuse vraiment trop bien ici, tu ne trouves pas ?
C’est alors qu’on entendit une immense rumeur monter de la foule.
Apparemment, les rennes avaient recouvré leurs esprits et s’étaient
réchauffés. Ils tiraient quand même avec peine un traîneau qui volait
très bas, rafistolé à la hâte par les Flottins. Mais peu importe, sur son piteux appareil tout décati, rapiécé, le Père Noël
triomphait. Pour remercier tout le monde de son sauvetage, le visage
réjoui, il lançait à grandes brassées sur les gens émerveillés, des
bibelots, de petits jouets, des ours en peluche et des friandises à
foison. Ses aides jetaient de petits pétards qui éclataient en
étincelles multicolores. L’ambiance était à son comble.
Marie-Noël n’en revenait pas, elle n’avait jamais vu pareil événement.
- Ah maman, regarde, regarde, il pleut des bonbons et des sucettes. On
vit vraiment une soirée exceptionnelle ! Quelle chance !
Elle venait de ramasser des carrés de nougats quand un bel ours en
peluche lui tomba carrément dans les bras. Ravie, elle le caressa en
mangeant une papillote et vit que sur son petit ventre rond était
inscrit : « Je suis ton ange gardien. »
Un ange gardien qui ne la quitterait jamais, qui la protégerait et lui rappellerait à jamais cette merveilleuse soirée.
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<< Christian Broussas • Les Flottins . © CJB ° 05/01/2023 • >>>
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